⊷ évent un ; (gr3) pardon pour tes genoux jay

Daim n'aurait peut être pas du lancer une balle aussi fort... il a du mal à viser, avec un ballon, habitué à des projectiles plus petits, il aurait sûrement visé le torse, est-ce que c'était vraiment mieux ?

heureusement, il n'a pas le temps de regretter. juste le temps de voir l'orage tomber sur eux, vite, si vite, encore plus que cet après midi passé avec Sani. ça l'étonne, il connait la météo des astrales pour y avoir passé des journées et des journées sans abri, il sait que ça n'est pas naturel. et n'importe quel événement qui n'est pas naturel le dépasse, alors... il suit, m'sieur Kang a l'air de savoir ce qu'il fait.

placide mais alerte, jetant sans arrêt des coup d’œils vers la forêt. bien entraîné, conditionné, en somme, il ne dit plus un mot, son apprentissage prend le dessus sur le reste, ça le rassure, de savoir qu'il sait faire quelque chose. dans la montagne, dans un groupe de chasseurs, celui qui parle se fait punir cruellement. il ne faut pas faire peur aux proies, mais il ne faut pas non plus signaler sa présence aux gros prédateurs qui peuvent les pister... est-ce qu'ils sont seuls ici ?

la grêle frappe sans pitié ses bras nus, il veut juste se rouler sur lui même, se protéger, partir dans les bois, n'importe quoi pour ne pas rester ici. il pense à l'abri où il a été avec Sani mais il est trop petit... il accepte la main qui attrape la sienne, la serre par réflexe, un peu trop fort ? il est prêt à tout, les muscles déjà tendus, attendant le moindre mot pour libérer leur force.

cette silhouette, cette voix... Daim ne la connait pas, mais elle semble avoir un air familier, impossible à replacer dans sa mémoire car disparue au prochaine battement de cil. il se souvient de toutes ces histoires qu'on a pu lui raconter devant le feu, les moments où les esprits s'entremêlent avec les vivants pour une nuit avant que l'humain ne comprenne sa solitude au réveil. il s'agit toujours de l'esprit d'une plante ou d'un animal qui vient jouer un tour aux humains où leur apprend quelque chose. est-ce que cette apparition là viendra leur léguer quelque chose, une connaissance, un avertissement ?

Daim reste toujours silencieux, troublé par les lieux, qu'il pensait abandonné, et cette présence qui s'est révélée avant de s'éclipser. il hausse les épaules à la question d'Adrian et se contente d'acquiescer à monsieur Kang. pour l'instant, ce qu'il dit a du sens, alors il l'écoute et le suit. il grelotte, comme les autres, les vêtements trempés plaqués sur sa peau meurtrie par la grêle, et n'est pas contre le fait de se réchauffer.

il sort du fond de la doublure de sa poche de jogging le couteau à cran d'arrêt qu'il garde toujours et lui avait déjà servi à faire du feu avec un autre camarade et entaille un morceau des boiseries rapidement. il s'exécute en vitesse et rassemble les petits copeaux loin des murs et des grands rideaux, comme demandé, et sort de son autre poche un briquet, malheureusement entièrement trempé. il sait d'expérience qu'il ne devrait pas sortir tout ces objets devant un professeur, mais à situation critique...

espérons que le briquet arrive encore à produire des étincelles.

Daim continue de s'emmitoufler dans un mutisme qu'il juge rassurant. il n'a rien à dire, il ne sait rien de ce qui se passe. il n'a jamais eu de leçons de survie dans le cas précis d'une grêle si peu naturelle et d'une silhouette qui disparaît parmi les ombres.

heureusement, il y a le feu. le crépitement discret aide à se calmer. les flammes fines qui ondulent attirent les regards, loin des tracas extérieurs. lorsqu'il y a trop à comprendre, trop à accepter, le sourd tapotement de la pluie sur le toit et la chaleur rassurante sont là. mais il faut savoir encaisser, alors il se force.


jay ne va pas très bien, par sa faute, mais il a l'air de se débrouiller, avec l'attelle : bon. juste besoin de lui renvoyer un sourire un peu confus d'excuse, alors.

nuni s'est endormi et est déposé gentiment près du feu : c'est bien.

le nouvel adulte... bon, monsieur kang a l'air de s'en occuper et de gérer la situation.

adrian s'installe sans trop de cérémonie : on n'en demande pas plus.


parfait, tout ça. enfin, aussi parfait que possible dans ce genre de situation. Daim n'aide pas voir la quiétude de sa vie troublée, mais il sait accepter les changements, quand il n'y a vraiment pas le choix, alors tant pis, si maintenant la soirée sera passée à fixer ces flammes nus en tentant de se rassurer. les souvenirs des feux de camps passés, avec ou sans compagnie, l'aident à dissiper les angoisses.

mais,
quelque chose le tracasse. là, dans son champ de vision, de l'autre côté des flammes. oui, juste là.

* pardon pour ta jambe.

il aurait voulu se répandre en excuses, plus ou moins censées, être embarrassé, le porter délicatement jusqu'à l'infirmerie en essayant de courir sans trop le secouer. il aurait voulu faire tout ça... mais ce conditionnement, ces enseignements qui auraient bien pu être gravés au fer sur ses neurones tant il leur obéit sans y réfléchir une seule seconde lui ont dit de d'abord penser à lui, de se tirer du danger et que ceux qui méritent s'en sortiront bien comme ils peuvent. on ne peut aider les camarades blessés qu'une fois qu'on est sûr de ne rien risquer. il l'a tellement entendue qu'il se souvient de l'intonation de chaque syllabe, quelque chose qui l'impressionnait et lui glaçait le sang, tout à la fois.

il voudrait vraiment être désolé, mais c'est tout ce qu'il arrive à prononcer, ces quatre mots.