damnés ♡ kazuo

les flashs lumineux, probablement des lumières d'ambulances, dansaient sur le plafond de ta chambre, et toi, tout sourire tu les regardais comme un enfant regarde les étoiles en les prenant pour des fées. elles n'étaient pas vraiment là, ciel, tu délirais. la fatigue t'abrutissait mais jamais le sommeil ne t'avais tant manqué, comme s'il s'était mit à te fuir autant que tes sensations le faisaient. engourdi, tu t'étais redressé mollement pour te retrouver là, droit dans la chambre, pris de vertiges. le monde tournait, le monde flottait et tu t'enfonçais au fond. ce même fond que tu cherchais, pour te dire que tu ne pourrais désormais que remonter. un fond qui n'arrivait jamais. il n'y avait rien sous tes pieds. que l'immensité du néant, angoissante obscurité.

tu étais dans le couloir du deuxième étage.

comment ?

tu n'aurais su dire. tu suivais quelque chose que tes yeux ne voyaient pas. tu suivais le même lapin qu'alice avait chassé. mais ton pays ne serait sans doute pas celui des merveilles. le pays que tu chassais, tu n'allais pas en revenir. le bout de tes doigts frottait doucement le long des murs, le frottement résonnait sinistrement dans le couloir, tes pas faisaient un peu craquer le parquet, irréguliers, comme quelqu'un qui titube, qui peine. tu avais tout d'un spectre, les yeux vides et l'air hagard. tu n'allais nul part, tu n'étais rien, plus qu'une ombre qui chassait son propre souvenir.

les mains glissées sur tes épaules, et un son que tu n'entends pas. juste son souffle contre ta joue, qui se met à brûler, soudainement, comme si elle avait reçu une gifle. ton coeur s'arrête, mais tu as l'impression qu'il ne reprend pas ses bâtiments, qu'il te laisse là, creux, et toi ; hors de ton corps. tu ne sais pas comment réagir, tu ne peux simplement pas réagir, le retour à la réalité est brutale et tu n'en n'est pas maître, ni même acteur. simple spectateur d'une scène quasi-macabre qui se déroule là, juste ici, sous tes yeux.

♡ luca.
sifflant, tout bas. un serpent. un serpent qui cherche sa proie. ce n'est ni doux, ni triste, ni même désespéré. ce n'est pas luca. ce n'est pas son odeur, pas son souffle, sur ta peau, ce même souffle dont tu as rêvé, qui t'a laissé maintes et maintes fois interdit. ce n'est pas lui. c'est robotique, ton bras se tend et le repousse brusquement, chassant ton corps par la même occasion. ça ne ressemble pas à un geste qu'un humain ferait, c'est même idiot, parce que te voilà projeté contre le mur que tu heurtes, pour finir par retomber sur le sol, les yeux hagards.

♡ menteur.
brillant d'une haine pure, sans limite, ton regard vient s'ancrer dans ses pupilles bicolores. et sans prévenir tu te redresses et lui saute à la gorge pour l'étrangler. il te repoussera facilement, dans cet état tu n'es qu'une poupée de chiffon.