jealousy ♡ ciel

résistances

résistance à la douleur physique :
7%

résistance à la douleur morale :
11%

résistance à la pression :
47%

résistance à la solitude :
9%

résistance aux phénomènes inexplicables :
26%

forces

force physique :
5%

charisme :
32%

sincérité :
27%

capacité à raisonner :
25%

sang-froid :
11%

c'est possible d'aimer à s'en faire mal ? c'est possible de saigner de là, de l'intérieur ? c'est possible de ressentir autant ? c'est possible de s'écrouler, de partir en fumée ?

si c'est possible, dis le moi. si c'est possible, rassure moi ...
... parce que c'est ce qui m'arrive.

famille unie, famille parfaite, famille factice. maman avocate, papa magistrat, deux enfants beaux, deux garçons. des photos de famille plein la maison, des cadres parfaits, pas de poussière. de l'argent, oui, mais jamais trop. choyés mais pas gâtés. ciel et mirai. des clones, séparés de six années. deux grossesses parfaites, deux enfants sages, deux petits anges. une famille de magazine, même la maison a des airs de maison témoin.


papa m'a offert les livres de droit qu'il avait à la fac et j'ai commencé à les lire. c'était plus intéressant que je le pensais, en fait c'est peut-être ça ma voie. quand j'ai commencé à lui poser des questions, il a dit qu'il était très fier de moi. je me suis senti bizarre, comme si quelque chose n'allait pas.

droit. politique. soutient du gouvernement. ouverture d'esprit. faire avancer les choses. rêver d'un monde meilleur. sens de la justice. c'est aussi ça les amaterasu, c'est aussi ce qui les rend si respectables. tout le monde les envie, tout le monde les admire, dans la petite banlieue stellarisienne. très jeunes, les garçons apprennent à aider, à venir au contact de ceux dans le besoin, à tendre la main, à être tolérants, bienveillants.


ce matin maman m'a emmené à la plage. tous les enfants se baignaient. maman a posé le parasol, la glacière et m'a passé de la crème. elle voulait qu'on passe un moment tous les deux. mais j'avais pas envie d'aller me baigner, alors je me suis baladé près des rochers, et j'ai commencé à ramasser les morceaux de plastique qui traînaient pour aller les jeter. je crois qu'elle était déçue. mais c'était bien ce que je faisais, pas vrai ?

scolarité parfaite, sans bavure. bon partout, même s'il esquive la piscine - l'odeur du chlore le rend malade - il excelle dans tous les domaines. ce n'est pas qu'il est naturellement bon, il se tue à la tâche, travaille jusqu'à l'épuisement. il faut que ses parents soient fiers, il faut dépasser les autres, il faut être parfait, il faut avoir un dossier parfait, il faut inspirer mirai. les appréciations élogieuses pleuvent à chaque trimestre. ciel est populaire, il inspire son cadet, et ses camarades, on l'approche, on devient son ami, il est tout sauf sauvage, il va vers les gens, c'est un rayon de soleil, comme s'il était né pour dissimuler sa fatigue.


j'ignore combien de temps je tiendrai. j'ai changé de vitamines, encore une fois, pour un truc plus fort. maman dit que c'est pas grave, que c'est parce que je me donne à fond, mais parfois j'ai la tête qui tourne et envie de vomir. parfois je vois flou et j'ai l'impression de partir. papa dit que c'est parce que je fais de mon mieux. mais je ne veux pas que mirai vive ça.

et c'est arrivé.

tous les jours, en rentrant du collège, ciel passait chercher mirai à l'école. mais cette fois, il avait attendu pendant des heures. des heures et mirai n'était jamais sorti du grand bâtiment. il était resté planté là, dès lors qu'il avait compris que mirai ne sortirait pas. il était resté figé, tétanisé à l'idée d'être passé à côté de quelque chose. il lisait et regardait les informations ciel, ils étaient informés chez les amaterasu. ils savaient qu'il fallait faire attention, qu'il ne fallait pas parler aux inconnus. et lorsque maman était venue le chercher - toujours planté devant l'école de son cadet - elle avait dit qu'ils devaient rentrer.

trois jours

il avait fallu trois jours, avant que mirai ne reparaissent. trois jours pendant lesquels les policiers passèrent et repassèrent dans la maison. trois jours pendant lesquels il avait vu l'espoir s'envoler petit à petit, sans plus y croire à son tour. mais mirai avait été retrouvé, vivant, dans une rue. il avait disparu en allant à l'école, alors qu'il connaissait la route, qu'il était intelligent, qu'il était indépendant. il avait disparu entre l'arrêt de bus et l'école, à peine quelques mètres. personne ne se l'était expliqué.

on avait brisé son frère. mirai était brisé. il le voyait quand il regardait au fond de ses yeux. il voyait quelque chose que ses parents s'entêtait à ne pas regarder. mirai allait bien, il souriait, il jouait comme avant, il étudiait deux fois plus, il voulait devenir avocat, il ... mais mirai était mort, quelque part, pendant ces trois jours. et ciel en avait bien conscience.


ça fait longtemps. ça fait longtemps mais je n'ai rien à dire. je n'ai pas envie d'en parler. le lycée vient de commencer, et finalement ça ne change pas beaucoup. je connais la plupart des gens, et les plus âgés sont accueillants. tout va bien ici. tout va bien pour moi. tout ira bien.

des semaines passent, une bonne grosse moitié de la seconde. ciel se fait de nouveaux amis, il se jure d'exceller encore plus, mais essaye de concilier ça avec sa santé, parce que ce serait dommage de se tuer avant de devenir avocat. et de ses amis, certains se démarquaient. il y avait luca, luca et ciel ils passaient beaucoup de leur temps ensemble. c'était la première fois qu'il avait vraiment un ami, un meilleur ami, différent d'une connaissance. et peu après avoir rencontré luca, il s'était un peu rapproché de noah. avec noah, c'était bizarre. il ne savait jamais s'ils étaient amis ou non, et il avait constamment l'impression de l'enquiquiner. des fois, il insistait. des fois non. il tournait le dos et lui fichait la paix. mais il se promettait de ne jamais en parler à luca, parce qu'il ne voulait pas l'inquiéter.


je ne comprends pas trop ce qui se passe. luca sort avec une fille. c'est super, vraiment ! je suis content pour lui. ils ont l'air de s'aimer - même s'ils se disputent souvent - et ils vont bien ensemble, même si tout le monde dit qu'elle mérite mieux. je pense que c'est plutôt l'inverse. il n'y a personne de plus gentil que luca, alors si quelqu'un mérite mieux c'est bien lui. mais bon, les gens ne le connaissent pas aussi bien que moi.
je ne comprends pas pourquoi mon coeur se serre quand je les vois tous les deux. est-ce que c'est de l'inquiétude ?

j'ai peur.

les semaines passent, luca et ciel s'éloignent un peu. luca avec victoria, ciel avec ses bouquins de cours. souvent, il observe son téléphone, hésite à envoyer un message à noah, pour discuter. cependant quand ce n'est pas l'impression de déranger qui le bloque, c'est les crises de panique et terreurs nocturnes de mirai qui, en grandissant, s'écroule de plus en plus.


qu'est-ce que je fais mal, au juste ? qu'est-ce que j'ai bien pu rater ? pourquoi est-ce qu'il ne me parle plus ? c'est idiot, je suis presque un adulte, alors pourquoi ça importe autant ? j'ai tenu longtemps sans amis aussi proches que luca, au fond c'est pas important. mais luca, je lui ai dis des trucs que j'aurais jamais dis à personne. et puis on a passé de bons moments.

ça m'énerve. je vais lui en parler.

à la fin d'une journée de cours, ciel choppe luca à la sortie du lycée, pour le tirer des griffes de sa copine, et il lui demande s'ils peuvent rentrer ensemble. il force, il force comme jamais. et son coeur n'a jamais battu aussi fort, quand son habituelle réaction à la panique est plutôt de ralentir dangereusement. mais cette fois, c'est différent. une sensation nouvelle pointe dans sa poitrine. ciel est terriblement jaloux.

« t'as quoi ? on est pas en couple ciel. arrête de me faire une scène... »

c'est dit avec bienveillance, luca blague. luca blague pour le taquiner, pour le détendre, mais ciel s'enflamme, il hurle, et il tourne les talons. jamais luca ne l'a vu comme ça, et bien sûr il s'inquiète un peu, mais comment pourrait-il imaginer ce qui se passe dans la tête du petit ciel ?


je ne comprends pas. ou alors j'ai peur de comprendre. je crois que je sais. mais ce n'est pas possible. mais pourtant, ça ressemble tellement à ce que maman m'a expliqué, que ce n'est pas possible autrement. je vais en parler à papa.

évidemment, c'est la pire idée que ciel aurait pu avoir. mais il a grandit dans la confiance, et aveuglé par ses tracas, il n'a pas su faire la part des choses. parfois il faut mieux mentir, même par omission. il aurait dû s'en douter, il aurait dû voir les signes. lorsque papa avait demandé à mirai - avant les événements - ce qu'il voulait devenir plus tard, et que mirai avait répondu peintre, papa avait dit que c'était bien d'avoir des rêves mais que c'était mieux de faire un vrai métier. papa était comme ça, le genre d'homme en apparence bienveillant mais qui sait tourner les esprits dans son sens. alors, l'homosexualité n'était pas une option, et même si ça n'avait jamais été clairement explicité, ça avait toujours été une évidence pour ciel.

ça s'était mal passé.

papa était resté calme, il avait écouté jusqu'au bout, les yeux attentifs. il était resté silencieux, un long moment, puis il avait sourit. mais pour la première fois, c'était comme si le charme s'était rompu. ciel avait vu son vrai visage. ciel avait vu la froideur sinistre qui s'échappait de lui. et il aurait pu prédire ce qui allait sortir des lèvres de celui qui l'avait insidieusement guidé dans ses pas, pour le bien de tous.

« tu n'es plus mon fils. »

dès lors, les choses s'étaient accélérées. papa et maman ne lui donnaient plus d'argent, et il devait se débrouiller pour vivre à la maison, tout en payant un loyer. mais il fallait continuer à faire illusion. les amaterasu étaient une famille parfaite, pas vrai ? alors il fallait continuer à montrer cette facette. sous prétexte d'apprendre l'indépendance, ciel avait trouvé un petit job chez un fleuriste de son quartier, et il peinait de plus en plus à maintenir à flot ses notes. il ne voyait plus luca, ou juste de vue, puisqu'ils n'étaient pas dans la même classe.

et il y avait eu l'entretien. il avait était sincère. sincère jusqu'au bout des ongles. il avait parlé de la situation de son frère, de sa situation avec luca, de celle qu'il vivait à la maison. son entretien avait duré longtemps, surtout pour lui, habituellement si pudique.

« ciel ? on peut parler cinq minutes ? »

luca l'avait coincé, quelques semaines plus tard, alors que les derniers cours de l'année se terminaient. ciel était en train d'aller au travail, il avait relevé les yeux, et avait machinalement regardé autour pour trouver victoria. mais pas de victoria. luca faisait une tête bizarre.

« j'vais être direct. y a moyen que j't'aime. »

deux ans.

il avait fallu deux ans à luca pour ouvrir les yeux, pour se remettre en question et trouver le courage de mettre un terme à sa relation - en vrai victoria était partie en premier lorsqu'elle avait compris, ils passaient leur temps à se disputer sans cesse - deux ans pour revenir vers ciel comme les vagues finissent toujours pas s'échouer sur les côtes.

ciel n'avait rien trouvé à dire. mais à peine quelques jours plus tard, il avait reçu la lettre. et lorsqu'il avait envoyé un sms à luca pour savoir s'il était reçu aussi, il savait déjà que la réponse serait négative. pas parce que luca n'en était pas capable - il l'avait toujours surpris sur beaucoup de plans - mais parce que tout ne pouvait pas bien se passer. et rien ne s'était bien passé.

le soir même il se jetait dans la crepusculaire. le soir même il disparaissait sous la surface sombre et froide du fleuve. c'était idiot. c'était désespéré. c'était probablement plus un appel à l'aide qu'une véritable envie de mourir, puisqu'il s'était jeté à proximité d'un quartier animé le soir, dans les vieux quartiers. et l'air avait quitté ses poumons. l'eau sale de la ville qui l'avait vu grandir avait brûlé ses muqueuses. dix huit ans d'une vie dictée par des bourreaux masqués pour finir noyé. c'était ridicule.

mais on l'avait tiré de là. on l'avait tiré d'affaire. et si les quelques jours entre son sauvetage - et le sauvetage en lui-même - et son départ aux astrales étaient flous, il était arrivé sain et sauf dans la montagne, plus loin qu'il n'était jamais allé dans les terres astériennes. il tremblait encore de peur lorsqu'il avait posé son pied dans la voiture, une impression étrange au fond de l'estomac. plus léger, mais maudit. c'était comme s'il se devait de chasser les souvenirs qu'il avait perdu de ces jours-là.

pseudo cyanure age approximatif hé bah 25 ans du coup. découverte du forum en plus désolé d'avance pour l'ambiance de merde que foutra ciel, sani compensera !