fièvre résurrectionnelle + pablo (bic, owen)

qu'ils vident l'envie qu'ils avaient de crier de ne plus jamais la voir disparaître la nuit

"RNSZN YHNSV IJAFS YQJUF ANQQT SIJQF QZSJ."

c'est ce qui est marqué sur le papier que pablo lui a glissé dans le creux de main ; elle aurait pu préférer les effluves de quelques murmures chuchotés, favoriser là le contact de ses lèvres non loin de son oreille mais non - marvel s'est bien vite rendue compte que son ami s'épanouissait davantage dans le mystère délicat, familier. les petits gestes ainsi qui donnent à chaque rencontre une allure sacrée, des événements profanes transformés en grandes cérémonies.

ça fait quelque chose, à marvel.

elle n'a aucun doute quand elle enfile ses baskets, dans le noir de sa chambre. elle était restée en jogging sombre et gros sweat de la même couleur avant de se glisser sous les draps, elle fait tinter jusque sa poche le trousseau de clefs volé et se glisse dans l'obscurité. dans un silence parfait, chassant ses mauvaises habitudes de faire résonner ses pas, elle soupèse chacun de ses pas. le plastique couine un peu contre le sol puis vient la liberté une fois en dehors, palier dépassé. elle prend une grande bouffée d'air, range son adrénaline pour rester calme et se dirige rapidement de l'autre côté du campus, capuche sur le crâne. elle longe les murs. lèvres scellées, même quand elle aperçoit pablo à très exactement minuit cinq, marvel lui fait seulement un signe, posant son index sur ses lèvres, immense sourire forgé.

elle range ses mains dans ses grandes poches, papiers pliés en cinq dedans. dans sa grande folie elle a demandé à pablo de garder secret leurs activités nocturnes pour les découvrir sur l'instant présent - elle l'a juste aidé à tracer un ouija sur une feuille de classeur.

à côté de son tendre compère, elle éclate de rire en étouffant ses éclats dans sa main quand elle rentre dans le bâtiment ivoire. elle parle tout doucement, haussant les sourcils.
frère ! j'suis mort c'est trop drôle quand y a personne wesh... tandis qu'elles progressent, elle fait de grands signes de têtes, ouvrant toutes les portes comme une impératrice insatisfaite. à vrai dire elle n'a aucune attente mais elle aime cette impression d'avoir un choix infini. c'est relou ici... on peut aller à la biblio' sinon, nope ?

en bonne enfant d'hécate pablo tissait des sortilèges dans ses coutumes quotidiennes. sa peau était tachée de pentacles au stylo noir, petits charmes à l'encre toute bavée qui le préservaient des sombres ennuis qui parsemaient les salles de classes. oh, elle se laissait bien souvent aller à des rêveries parmes nourries d'incantations : mais au vingt-cinquième (cinq fois cinq) jour de leur enfermement, il était temps de jouer des sabbats.
le vingt-deux août serait leur propre nuit de walpurgis. certes 22/8 (huit !) c'était désagréable, mais pablo additionnait 22 + 8 et voilà un 30, soit six fois cinq, et voilà l'apaisement : ça sonnait bien, 6 ( M A R V E L ) et 5 ( P A B L O ).

il avait glissé dans la paume tiède de son amie un petit mot, un rendez-vous à minuit (cinq, précisément) pour dénouer des mystères dans l'ombre mauve de la nuit. elle pensait que cela serait charmant, le sourire de marvel sous la lumière lunaire, car il la trouvait belle comme une artémis dont on ne saurait figer les rires dans la froideur du marbre.
à minuit cinq il l'attendait, à l'ombre du bâtiment ivoire, déterminée à ne pas se laisser bercer de nocturnes : elle était bien trop excitée. il avait les cils noircis de mascara qui ondoyaient dans l'air encore tiède des fins d'été, et ne portait rien que sa chaste robe noire qu'elle réservait aux grandes hérésies.

quand marvel apparait, il étouffe un rire avalé par le soir, et se faufile derrière elle dans les couloirs qui prenaient dans l'obscurité des airs de cathédrale. ses doigts se resserent sur sa pochette plastique qui protège la planche de ouija soigneusement dessinée. pablo y avait rangé tout un tas de papiers noircis d'oraisons.

t'as vu c'est trop bizarre...

pour leur délicate profanation il faudrait le lieu parfait, entouré de mystères sacrés pour donner à leur jeu un air de cérémonie. elle suivait marvel en faisant la moue à chaque porte ouverte, enivré de leur apparente solitude.

ouais bonne idée, la bibli ça serait cool !

il s'engage dans les couloirs vers leur propre enfer de dante, ses pas légers résonnant en écho à ceux de marvel dans le bâtiment vide. elle n'ose pas rire trop fort de peur d'éveiller les mysticismes, mais il offre à son amie un sourire éclairé par la lune. elle crève le silence religieux d'un murmure exalté :

aaah j'ai hâte, ça va être trop bien !

qu'ils vident l'envie qu'ils avaient de crier de ne plus jamais la voir disparaître la nuit

MAIS OUI !

bien sûr que cela serait bien. il n'y a aucune autre issue à un tel instant, tout ne pouvait se découler qu'en une perfection obscurcie par le mystère. non le concept d'une merveille forcément blanche lui échappait, les reliefs tracés de gris et de liserés noirs semblaient bien plus attrayants que la froideur morne d'une surface lisse - leur enfer est pavé de joyaux irréguliers.
la reine, les mains dans les poches, se dirige tout naturellement vers la bibliothèque ; elle vérifie plusieurs fois qu'elles vont dans la même direction car tout semble terriblement différent une fois la nuit tombée, même des lieux foulés encore et encore. elle ne voit pas l'intérêt de parler pour ne rien dire à pablo et rit tout doucement, extasiée par l'excitation grandissante ; l'adrénaline la couve, elle est inconsciente du mal qu'ils s'apprêtent à faire, des conséquences tragiques que leur thé de minuit vont engendrer.
sur ses lèvres plane un sourire constant, douloureux de sincérité et elle s'y prend plusieurs fois pour se diriger vers le bon couloir, prendre les bons escaliers et surtout trouver leur empire ; les labyrinthes ne lui font pas peur et il lui semble qu'elles ont la nuit, voire davantage, pour mettre en action le mal gravé dans le creux de leurs paumes.
c'est là ! elle s'exclame furieusement joyeusement, ça tranche dans le brouillard fictif qu'elle imagine pour se donner des airs mystiques. d'une manière inexplicable, qui retranscrit ses facilités de tragédienne, elle s'avance comme une grande dame alors qu'elle n'a que ses nike aux pieds. on lui dirait qu'elle a une longue robe noire et des talons aiguille alors qu'elle ne reste qu'une adolescente, féline dans son obscurantisme.
elle se retourne soudainement, atteignant le cinquième rang d'étagère, théâtrale, mains sur les hanches. elle devine les reliefs du bout des doigts, progresse dans une obscurité éclairée par la lueur des étoiles à travers les vitres poussiéreuses.
ICI !
elle inhale, absorbe l'odeur des vieux papiers et leur âme, et vient s'asseoir en tailleur à même le sol, d'un signe de main elle fait signe à son compère de venir, étalant des bougies stockées dans ses poches.
j'ai volé ça. tu as du feu ?
le spectacle peut commencer.

c'était une bien belle aventure dans ce labyrinthe gardé par aucun minotaure, un royaume englouti par la nuit dont les ramures se perdaient dans la noirceur des lieux, gorgés d'un silence de sanctuaire qu'iels s'amusaient à profaner. c'est qu'iels se croyaient innocentes, à rire sans retenue de la césure du jour. oh, pablo se perdait en sourires enjôleurs qui ne s'offraient qu'à marvel : il ne voulait rien gâcher de leurs errances occultes. c'était un beau soir pour vandaliser le divin de leur liturgie absurde.
pablo s'engouffre dans la bibliothèque à la suite de sa reine de tragédie -- marvel avait tout d'une lady macbeth à la faveur de la lune, à teinter ses lèvres de mystiques sans pareilles. elle la trouvait si jolie, toute couronnée de la foi sélénite dont pablo l'avait nourrie. il compte à voix basse une deux trois quatre cinq rangées et voudrait les recompter,
(cinq quatre trois deux un)
mais marvel est déjà assise sur le parquet vernis, alors elle la rejoint en pouffant.

par respect pour les rituels hérétiques qui couleront de sa bouche il étouffe le dernier sourire qui fleurit à ses lippes, avec un goût d'aconit.

je dois avoir des allumettes, attends.

un craquement et la lueur vacillante éclaire d'une lumière crépusculaire le visage de marvel, déjà teinté d'imprudence. la fumée dessine des volutes aux airs de brume sibylline, l'odeur de la cire devenait celle de l'encens dans leurs rêveries effrontées.

oh c'est TROP parfait !

pablo attendit une minute encore que sa montre casio indique MINUIT QUINZE pour dévoiler le ouija (c'était un très joli mot, OUIJA, à cinq lettres bien rangées qu'elle avait aligné au bout de sa langue vipérine). sa peau frémit d'une impatience furieuse, elle avait au coeur d'embraser les silences :

tu es prête ?

ses doigts se posent sur la planchette et d'un battement de cil elle invite marvel à le rejoindre. à ses côtés il n'était plus de tempérance chaste, une fois passé minuit il était l'heure de s'abandonner aux sacrilèges empourprés qui prenaient des airs de transe.
sa voix ne fléchit pas.

bonsoir !! est-ce qu'un esprit est là ?

'Fait chier. Il détestait ces gosses. Ah, oui, on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans. Mais là, c'était le soir, c'était la nuit - alors il avait espéré pouvoir être tranquille, ne serait-ce que quelques minutes. Brimnes et lui, ils ne dormaient pas, ils ne dormaient jamais. Les esprits agités par des souvenirs trop sanglants, les corps incapables de sombrer. Ils étaient des pions utiles, pratiques, qui pouvaient travailler toute la journée et toute la nuit.

Mais quand le soleil se couchait, quand leurs visages étaient seulement éclairés par les écrans d'ordinateurs et les lumières faibles de leurs portables, c'était le moment où ils pouvaient se reposer, se détendre. Parler à coeur ouvert, même s'ils échangeaient rarement des pensées philosophiques, il fallait bien se l'avouer. Ils étaient tous les deux de gros cons; c'était probablement pour ça qu'ils s'entendaient si bien. Des démons impossibles à dompter, enfermés dans le domaine, tout en haut des montagnes sombres. Fallait croire que le gouvernement cherchait à concocter une bombe à retardement, en concentrant autant d'esprits retords dans un si petit endroit.

* Je les hais ces petits cons. Qu'est-ce qu'ils foutent dans la bibliothèque à cette heure-ci putain.

Il n'a pas envie de parlementer, il n'a pas envie de rire cette fois. Ce que sa main saisit sur le bureau vierge, c'est une arme. Chargée, faut pas déconner. Il la glisse à sa ceinture et jette un regard à Bic qui "met sa jambe". Ça lui arrache un sourire, pourtant ce n'est même pas drôle. Il y a un silence. Ils sont silencieux quand il s'agit de se mettre en marche; quand il s'agit de se mettre dans le bon état d'esprit pour ne pas déconner au milieu d'une mission. Pour Owen, contrôler ces gosses n'est rien de plus qu'une mission. Un boulot à la con, à la limite. Il n'a aucune considération pour les enfants terribles, rien pour faire se serrer son coeur.

Toutes ces histoires le mettaient en colère. Mais curieusement, il restait de glace. Il gardait ses colères pour lui, gardait ses rages bien cachées dans son coeur. Il jouait la carte du mec plutôt lent, pourtant il avait ça dans le sang, une violence qui rappelait la rue, une violence qui rappelait son passé, qui rappelait l'enfant errant qu'il avait été. il était d'une violence froide, il ne frappait pas pour le plaisir. Pourtant c'était bien un putain de flingue chargé qu'il venait d'accrocher à ses fringues; juste pour appréhender deux gamins qui se pensaient plus thugs que d'autres. Est-ce que c'était une bonne idée, d'opérer par la violence ? Probablement pas.

* De toutes façons s'ils se barrent en courant je peux rien faire. Donc t'as intérêt à pouvoir cavaler, toi.

Il se dirige vers la bibliothèque, Brimnes à ses côtés. Le pas résonnant dans les couloirs qu'il espérait vides, les couloirs désespérément sombres, qui soulignaient l'histoire tragique qui se déroulait entre ces murs. Oui, c'était une tragique histoire. Contrairement à certains, Owen n'était pas impatient de voir les giclées de sang décorer les murs du domaine.

Les portes de la bibliothèque s'étendaient de chaque côté de la grande salle; il avait jugé bon de se séparer pour appréhender les deux gamins et les cerner. Il n'avait jamais été flic de sa vie, et n'avait jamais eu à prendre des trucs au piège, mais clairement il était trop remonté pour laisser les mioches s'enfuir. L'esprit d'équipe des deux hommes fonctionnait un peu trop bien de temps en temps, comme à ce moment-là, et à chaque putain de fois, Owen avait ce frisson d'horreur qui le traversait pour on ne sait quelle raison. Ah, quelle infortune. Les deux mômes étaient pris au piège dans la rangée, entourées par les deux hommes. Il avait esquissé un sourire - et puis ce dernier s'était effacé aussi vite qu'il était apparu. Il braqua sa lampe sur les jeunes, grande ombre s'étendant sur l'allée.

* Des bougies. Dans une bibliothèque. Alors vous, vous êtes cliniquement cons, c'est pas possible.

quelle bande de petit cons, merde. on est là, tranquilles, on fait chier personne, on parle pas fort, on regarde juste des images marrantes qu'Owen tente d'expliquer à Bic et voila qu'il faut se lever. le surveillant adore particulièrement les photos de chats dans des situations intrigantes, supposément expliquées par un sous texte en russe qui ne fait qu'embrouiller les choses et brouiller les pistes. les langues étrangères, c'est pas son fort, mais il en profite toujours pour embêter son collègue qui lui gueule souvent dessus pour utiliser google traduction comme n'importe quel être humain normal. ... mais c'est plus sympa d'embêter Owen. ça le rassure, d'avoir une relation simple avec quelqu'un. ils se vannent, se lancent des fions à longueur de journée et manquent de s'étriper, mais une fois la nuit tombée ils partagent leurs insomnies, parfois leurs douleurs et leurs cauchemars mais surtout cette vidéo avec un chat regarde il dit yass c'est hilarant je te jure.

ils ont sûrement tous les deux envie de craquer. lui se raccroche uniquement à cet enfant qu'il surveille en permanence, essaye de se rassurer comme il peut même si chaque seconde en sa présence lui rappelle qu'il fera probablement la plus grosse connerie de sa vie et le perdra à tout jamais. alors de temps en temps, le soir, il ouvre l'application GPS développée par le gouvernement, un connard du bureau qu'il déteste, plus précisément, et observe le point qui correspond à son protégé, vérifie qu'il est bien immobile dans sa chambre.

on se rassure comme on peut.

sauf que,
là, loin des autres, isolés, où il ne faudrait pas,

deux points. deux petits cons, comme dit son partenaire, et il ne peut qu’acquiescer alors qu'ils se préparent sans bruit inutile, sans parole superflue. ils n'ont pas eu le même entraînement mais ils fonctionnent ensemble comme s'ils avaient servi ensemble toute leur vie. et aucun des deux plus sensé que l'autre, aucun pour ne pas partir rôder dans les couloirs armés. il se contente de mettre de quoi courir, vérifie qu'il y a toujours le même cliquètement métallique au fond de sa poche, le même poids familier et rassurant, et suit son compère à travers la nuit qui s'écarte à peine sur le chemin de leurs lampes torches.

* putain, t'es sérieux ? c'est moi, l'estropié, entre nous deux, je sais pas si t'es au courant ?

chacun d'un côté, ils les tiennent en tenaille. la lampe que tient Owen éblouit un peu Bic car il la tient trop haute, ce grand con, mais il ne fait pas de commentaires. ce genre d'opérations, dans des salles mal éclairées où l'air sent le renfermé et l'on hurle au visage de gens tapis dans les ombres. mais en un haussement d'épaule et un frisson il essaye de se rappeler que ça n'a rien à voir, regarde, ce sont juste deux élèves. alors il se contente de dévisager les deux rebelles et... c'est des bougies ? sérieux ? il ne peut s'empêcher d'affluer dans le sens de son collègue.

* putain mais ça vous parle, la bibliothèque d'Alexandrie ? vous placez ça comment, les deux génies ?

la planche de ouija, les bougies, les esprits, quelle saloperie. Bic n'y croit pas, pas une seule seconde, mais se retient de rire. les petits sortilèges, les poupées vaudou, c'est bien gentil, mais si ça pouvait se passer ailleurs qu'ici et de préférence pas à minuit... il se demande comment quelqu'un comme lui fait pour avoir aussi peu de chance.

* blague à part, si vous tentez de fuir on vous éclate. j'ai pas envie de crapahuter, putain...

car oui, ce serait bien ça, le pire, non ? la déveine ultime, devoir s'amuser à escalader des étagères et en renverser probablement la moitié tout ça pour coller des heures de colles à des apprenties sorcières.

**Destroyer** fondateur Arrivée : 08/02/2019 Messages : 153 Points : 2415

Du bruit, quelque part dans la bibliothèque. Des pots cassés, des murmures, des supplications. Et des livres qui tombent, là bas, dans l'ombre. Impossible de voir, impossible de savoir ce qui peut bien se tramer mais même si vous avez la peur de vous faire attraper vous avez le sentiment d'avoir réussi, d'avoir éveillé, appelé quelque chose. Cette chose est là, terrée dans l'ombre de la bibliothèque. Elle rampe contre les murs, lèche les fenêtres, caresse le plafond. Le silence s'éternise. Pour les deux surveillants, il s'agira probablement d'une mauvaise blague, ou d'un autre groupe, présent ici. Mais aucun point ne s'allumera sur leur gps, puisque personne n'est là.

qu'ils vident l'envie qu'ils avaient de crier de ne plus jamais la voir disparaître la nuit

sur ses lèvres meurt une satisfaction tremblante, une joie inexorable qui la rend fébrile, tandis que ses doigts restent bien ancrés.
et la goutte bouge.
avec un naturel déconcertant, le coeur battant, elle affronte la communication. elle est sereine et se persuade que pablo sait y faire. on lui a toujours appris à marvel, à respecter les esprits et que tout soit fait dans les règles de l'art y contribue d'après elle ; c'est important de les saluer.

et surtout de leur dire au revoir.

mais la seconde partie, elles n'ont pas eu le temps. à peine la discussion entamée que les voilà perturbés par des vies plus grandes - qui est-ce qui se permet ainsi, de venir détruire leur cérémonie. au faisceau de lumière l'aveuglant, elle hurle d'un cri strident, les sourcils froncés et les yeux plissés. un immense frisson lui parcourt l'échine, presque amoureusement, tandis que dans un réflexe grossier ; elle détache ses doigts.
elle coupe le contact.
il y a d'abord les voix qui la tourmentent, les deux qui se foutent de leur gueule et puis l’hébétement en se rendant compte de sa sottise d'avoir lâché - d'avoir coupé le chemin.

il ne pourra pas repartir, pas vrai..?

ses épaules se crispent et elle a une bouffée de chaleur de crainte, tout en ayant la sale impression de mourir de froid. m-mais vous êtes CONS ! elle ne se soucie pas des bougies tandis qu'elle se relève, tendue. elle observe autour d'elle et se sent étouffée, car les murs bougent et des murmures creusent du néant dans ses oreilles. il va pas pouvoir repartir... et il restera coincé ici, l'esprit. vous êtes vraiment des gros CONS. elle veut fuir alors elle s'avance, soudainement égoïste, vers bic pour tenter de le bousculer et passer, dans la paniquer. elle veut partir loin d'ici et ne plus jamais rien entendre à propos de ça. son minois est bas quand elle tente de dégager d'un coup d'épaule le surveillant. si la bibliothèque est hantée ça sera de VOTRE FAUTE faut vraiment être DÉBILE pour interrompre une séance !

elle ne rit plus.

elle sent la planchette s'agiter sous la pulpe de ses doigts, et l'air se remplit d'un mysticisme qui fait frémir la flamme des bougies. leurs ombres découpées sur les murs par la lueur fiévreuse prennent des airs de colosses, deux charons qui ouvriraient la porte d'un enfer antique pour en déverser tous les maux.
c'était leur propre boîte de pandore, un mythe contemporain qui éclabousserait tout le pensionnat de sa fange infernale.

pablo ne fait pas attention aux voix graves qui résonnent contre sa peau comme un tonnerre dans l'air opaque de la bibliothèque, car il est déjà soumis au rituel et qu'il refuse de laisser son regard sombre quitter une seconde la planche : elle ne voudrait pas manquer une lettre et s'égarer dans des limbes alphabétiques. la lumière des bougies se retrouve noyée par le faisceau des lampes qui irradie leurs audaces, mais pablo ne voit rien d'autre que les doigts d'ambre de sa comparse qui se détachent de la goutte.

MARVEL !

c'était déjà la fin des effronteries des nuits d'été, de leurs petites cérémonies tuées dans l'oeuf, mais pablo avait encore quelques sortilèges à siffler entre ses canines

au revoir, au revoir !!

mais il n'a plus de contrôle sur les mirages, éveillés dans les petites heures par leurs rires sans innocence. elle croit voir s'animer les ombres le long des murs et pour les faire fuir, vivement, elle souffle les bougies, mais le plâtre semble toujours gorgé de lamentations. son visage s'assombrit d'insolence alors qu'il tourne vers owen sa face mutine :

c'est trop tard maintenant, vous entendez ? regardez ce que vous avez fait !

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