cool ᴋɪᴅꜱ (ruby & nuni)

tu n'avais pas envie d'être ici, mais tu savais très bien qu'absolument personne n'avait envie d'être ici. enfin, sûrement que si, il y avait dû avoir quelques curieux, dans un premier temps, mais l'idée de reprendre les cours dès votre arrivée, tout en se faisant rouler d'un bon mois de vacances, ça en avait fait déchanter plus d'un. dont toi. pas que dans un premier temps t'ai été un tant soit peu motivé à venir. on t'avait forcé. t'avait même pas passé les entretiens, en vérité, mais ton deuxième père avait décidé qu'en sa qualité de ministre de l'éducation astérienne, il fallait que son fils participe. pas parce que t'étais un prodige - t'étais bon, mais des élèves bons y en avait des tas, surtout à astéria - mais parce que tu dérangeais. autant à la maison qu'au lycée. et si ce n'était pas les astrales, c'était un pensionnat privé, probablement à l'étranger. alors au bout du compte, papa avait accepté.

actuellement, tu sortais de cours, d'une après-midi-entière-sans-pause-de-cours, pour être précis. et si t'étais pas spécialement fatigué, t'avais quand même vachement envie de retourner dans ta piaule. d'autant que depuis que tu étais arrivé, tu refusais catégoriquement d'adresser la parole à qui que ce soit, et il était pas né celui qui arriverait à te faire sortir un mot sans que tu ne le veuilles. du coup, votre tuteur de groupe avait trouvé sage de te refiler à un gars de ton groupe. ruby. il t'indiffère comme jamais, ruby, mais vous êtes dans le même bâtiments, alors vous faites le chemin ensemble. ça fait plaisir au tuteur, et toi tu t'en fiche.

mais alors que vous êtes tranquillement en train de prendre la route du pavillon de la lune, tu remarques un mec bizarre, juste à l'arrière du bâtiment ivoire. non seulement il a l'air suspect, tu l'as jamais vu, mais il a l'air de se cacher. et quelque chose t'alarmes un peu. tu sais très bien - ou pas tant que ça, mais toujours plus que les autres - pourquoi vous êtes là, alors forcément ça attire ton attention. machinalement, tu attrapes la manche de ruby pour attirer son attention et lui désigner d'un signe de tête l'individu suspect. bon.

Premiers pas au domaine. Il s'est enfui aussitôt que le moteur de la voiture a été coupé, aussitôt que sa portière s'est ouverte ; M'sieur Bic a probablement tourné le dos l'espace d'une seconde - et lui, trouve une échappatoire. Ah, Nuni. Petit Nuni qui court comme un chiot fou dans le domaine, à la vision brouillée par des larmes naissantes. Il ne crie pas ni ne gesticule, même s'il pourrait sur un coup de tête. Non au lieu de ça il se dit qu'il doit se cacher. Il doit trouver Sani, il doit trouver son grand-frère même si on lui a interdit. Il se fiche que M'sieur Bic ait des ennuis avec ses patrons s'il désobéit, il se fiche de tout; il veut juste retrouver son sang, il veut juste retrouver le regard rassurant de son grand frère, retrouver son étreinte.

Alors il se cache derrière un bâtiment, à l'ombre de celui-ci. Il est à l'opposé de l'entrée là où il est arrivé, et il a essayé de faire en sorte de s'échapper de façon à ce que M'sieur Bic pense qu'il se soit barré dans la forêt, alors il a encore un moment avant de devoir s'enfuir à nouveau. Du coup il s'accroupit dans un coin, et il se tait. Il y a les sanglots non contrôlés et les crises de tremblement. C'est habituel, ça arrive tout le temps. Ça lui arrive pendant les cache-cache parce qu'il est un enfant terrible qui panique à l'idée de se cacher. Il ne fait plus attention aux tremblements, non il ne se préoccupe pas de son corps. Au lieu de ça il réfléchit, il réfléchit très fort. Où pourrait être Sani ? Il connait son frère comme sa poche, il sait forcément où il pourrait être, pas vrai ? Il ne sait pas. Ici, il ne connait rien. Il a peur, Nuni; si bien qu'il n'ose pas bouger. Alors il fixe le vide, son esprit happé par un flot de pensées bien trop important pour son cerveau détraqué.

Quand on l'aborde soudain, il manque de sursauter, et il lève de grands yeux noisette vers les deux garçons qui l'ont interpellé. Ils ont tous les deux des cheveux à peu près rouges, il trouve ça joli - et très proche de ses propres cheveux. Est-ce que ce sont des copieurs ? Non, c'est probablement un hasard.

* Je gêne quoi.. ?

Il aurait plutôt dû demander qui, si c'était pour paraître stupide. Ça aurait été encore plus efficace. Il se redresse maladroitement et observe les deux garçons plus vieux, mal à l'aise. Son doigt vient gratter sa tempe distraitement, trahissant son malaise. Ils sont cachés par l'ombre du bâtiment ivoire, mais il guette, le regard fuyant, M'sieur Bic et ses façons bizarres. Il guette M'sieur Bic et le flingue qu'il a accroché à la ceinture. Bien sûr qu'il a remarqué, et ça fait peur. Et Maman lui a dit de se méfier pendant qu'elle faisait en vitesse sa valise. Valise qu'il a laissé dans la voiture, tiens. Pas grave.

* Vous pouvez m'aider... ? Y a un monsieur qui me poursuit, il a une arme et il me fait super peur...

Il manque d'éclater en sanglots à nouveau et - bon, finalement il éclate en sanglots comme un bébé, même s'il avait promis à Maman et à Sani qu'il ne pleurerait pas.

il gêne pas, le gamin. bah non il gêne pas. il est con ruby, il aurait pu trouver un truc mieux hein. mais au moins lui il cause, tu supposes. t'en sais rien. n'empêche que quand le gamin ouvre la bouche bah t'as quand même un petit frisson désagréable. tu saurais pas dire si c'est sa voix qui te dérange ou juste... ce qu'il dit, mais c'est clairement pas rassurant. oh, c'était clairement pas votre problème, à ruby et toi hein. oui mais maintenant que vous étiez face au fait accompli, est-ce que vous pouviez vraiment tourner le dos au gamin qui appelait à l'aide ? pas sûr. pas sûr du tout. t'avais pas envie de jouer au lâche qui a rien vu, rien entendu. des gens comme ça, t'en avait déjà croisé plein. ceux qui te surprenait, au détour d'un couloir, la main autour du coup d'un élève, et qui te lançaient un regard inquiet, suppliant, avant de fuir en quatrième vitesse. pas ici. machinalement, t'approchais pour déposer ta main avec précaution sur l'épaule du plus jeune, histoire de le rassurer. t'étais pas doué pour ça, mais de toutes façons même si tu trouvais les mots, ils sortiraient pas de ta bouche.

alors, machinalement, comme si c'était devenu une habitude, comme si vous vous connaissiez par cœur, que vous étiez des complices de toujours, tu relevais les yeux vers ruby, l'interrogeant du regard, sévèrement. qu'il dise un truc, lui, toi tu cherchais un endroit où emmener le gamin, parce que visiblement un taré s'était incrusté dans le pensionnat. sérieux, ça faisait à peine quelques semaines que vous étiez là, et vous étiez déjà en proie à un psychopathe ? super, vraiment. t'avais trop besoin de ça dans ta vie, hein. pauvre petit, n'empêche, il avait l'air gentil. il avait pas l'air malin mais bon, il avait le mérite de pas avoir l'air de mentir.

Il pleure comme s'il venait de naître, désespéré et effrayé. Les doigts de Ruby qui caressent ses cheveux sont doux et rassurants mais ils ne parviennent pourtant pas à le calmer. Finalement, il va même jusqu'à se cacher contre Ruby, hoquetant et tremblant. Il a eu très peur, n'est-ce pas ? Et puis, ses larmes, il les retenait depuis que Monsieur Bic était venu le chercher, depuis qu'il avait regardé Maman faire sa valise en se retenant de craquer, il les avait probablement retenues pendant tout le trajet jusqu'aux Astrales. Et maintenant, il se laissait aller - il paraissait impossible à calmer.

* C'est... c'est le monsieur qui m'a amené ici...

Il pointe le doigt, désigne la voiture arrêtée près de l'entrée, toutes portes ouvertes, qu'on peut apercevoir de loin. Bic s'en est éloigné, visiblement. Il le cherche probablement et Nuni renifle, observant autour de lui.

* Il va venir me chercher... J'veux pas...

Il reste caché tout contre Ruby, comme si ça pouvait le protéger de quoi que ce soit. Il se sent nul d'avoir dérangé deux étudiants, en plus, il voulait pouvoir repartir tout seul, il voulait pouvoir réussir à s'enfuir sans avoir besoin de personne. Il fallait qu'il reprenne ses affaires et qu'il s'enfuit...

* J'veux voir Sani... J'veux rentrer à la maison...

Il n'avait pas conscience de ne pas beaucoup aider les jeunes hommes en geignant comme ça.

sani, voilà un prénom qui te mets la puce à l'oreille. le sani ? celui dont tu entends parler, de temps à autre, parce qu'il a fait une connerie ou une autre ? le sani de la chambre d'ash ? il t'en a déjà parlé deux ou trois fois, sans plus, mais ce nom ne t'es pas inconnu. pour ruby par contre... ? mais pendant un instant tu te demandes. est-ce que ce garçon est le petit frère de sani ? auquel cas, qu'est-ce qu'il peut bien ficher ici ? tu veux dire ... y a un mec armé qui le suit, et qui l'aurait amené ici ? et son frère - tu supposes, encore et toujours - se trouve ici ? rien n'a de logique, il ne devrait pas être ici. qu'est-ce que fiche la sécurité, sérieusement. est-ce qu'il est arrivé quelque chose, là bas, hors de leur petit monde, hors du domaine ? papa t'aurais prévenu, d'une façon ou d'une autre, pas vrai ? papa ne t'a pas encore écrit, alors tu ne sais pas. ou alors ils ne te laissent pas voir ses lettres, ils ne te laissent pas en profiter. est-ce que ce garçon et toi, vous êtes les deux seuls à ne pas avoir été choisis pour venir ici ?

ton avis sur ruby change. il s'approche, serre le petit roux dans ses bras, le rassure, cherche à trouver les mots justes, et ton regard sur lui change. tu le détestes un peu moins. t'irais pas jusqu'à dire que tu regrettes ce que tu as bien pu écrire à ash sur ruby, mais tout de même, il faut bien se faire à l'idée qu'il est un peu moins con que tu ne le croyais. il doit avoir un petit coeur qui bat, quelque part là dessous. dessous ... tout ça. naturellement, tu te mis à guetter voir si l'homme dont le plus jeune semblait parler arrivait vers vous, mais ça ne semblait pas être le cas, dans le doute, il fallait vous mettre quelque part à l'abri, alors forcément ton regard se tourna vers le bâtiment duquel vous veniez de sortir, et naturellement tu venais attraper le poignet du plus jeune et celui de ruby pour les tirer vers le bâtiment cobalt. hors de question de vous faire tirer dessus par un cinglé hein.