you're the ᴏɴᴇ

des envies de meurtre. des envies de meurtre t'en avais des tas. elles te démangeaient, comme des petites bestioles. parfois une envie revenait, quand tu croisais un regard, un visage. ce n'était pas tant que tu les détestais tous, ils t'ennuyaient, généralement. mais parfois, au détour d'un couloir, tu croisais deux perles brillantes. tu voyaient leurs faiblesses comme les requins sentent le sang. et tu avais envie de t'y engouffrer, de les écarteler dans leurs douleurs et leur imperfection. quelle cruauté raven ! quel monstre tu faisais. monstre fragile, qui n'ouvrait pas la bouche de peur d'y laisser transparaître tes propres fissures. idiot.

tu n'avais pas d'amis. tu ne t'étais pas efforcé de t'en faire, au contraire du lycée ou un ou deux idiot venait graviter autour de toi, à tour de rôle, comme si tu aurais pu leur apporter quelque chose. ici, les gens ne s'y risquaient pas, et de toutes façons ils n'avaient pas le temps avec la curiosité. et pourtant, ici, tu avais trouvé quelque chose de précieux, au sein même du club de cuisine. tu n'étais pas proche de tout le monde - même pas en rêve - mais il y avait avery. avery, peut-être que tu aurais pu te risquer à dire qu'il était ton ami. tu tolérais son existence, sans en voir la moindre faille. ça ne le rendait pas parfait pour autant.

raven, tu n'avais toujours pas sorti un mot. et pourtant ; à la sortie du club cuisine, tu aurais voulu dire à avery de t'attendre, pour rentrer ensemble au bâtiment, mais il avait déjà pris ses clics et ses clacs et il marchait vite devant toi. ahah. c'était ironique de galérer à lui courir après. t'étais pas venu ici pour courir après les mecs, putain, raven. et pourtant, te voilà en train de sprinter dans le couloir pour le rattraper et reprendre ton souffle près de lui, le gratifiant d'un regard mauvais qui voulait clairement dire un truc comme pourquoi tu m'as pas attendu, connard.

c'était étrange, tu sais. avec avery, t'aurais pu parler. t'aurais pu te libérer de ton mutisme et le laisser entendre le son de ta voix. peut-être que lui, il l'aurait pas apprécié autant à sa juste valeur, mais tu t'en foutais. finalement c'était pas si important.