one way or another (ft. lyam)

bon, il venait de se prendre un coup de pied dans le ventre. sans surprise, ça fait très mal. il s'écroule au sol, recroquevillé, le souffle coupé. sa poitrine s'élève rapidement, cherchant tant bien que mal de l'air. il entend des rires, des ricanements, mais ils lui paraissent lointains, étouffés. en fait, c'est surtout qu'il est en train de putain de crever. bon, il exagère peut-être, enfin il espère. il s'est déjà pris des coups de pied dans le ventre, ça fait mal mais ça ira, il vivra. il suppose. il grimace et plisse les yeux - et au même moment, on lui redonne un petit coup de pied, moins fort que le précédent.

il ne sait pas trop ce qu'il a fait pour qu'on s'en prenne à lui de cette façon, mais soit. il n'a pas vraiment l'intention de répliquer, ou de s'enfuir - il a du mal à se relever, pour commencer, alors parler ou se battre ? sans rire, il se tuerait tout seul. il tousse, se roulant en boule contre le mur. super. il est encore dans de beaux draps. pendant un instant, il se demande si daim ou quelqu'un va venir l'aider.

même s'il comprenait qu'on ne lui vienne pas en aide.

pour le coup, il est plutôt content qu'on vienne l'aider. parce que mine de rien, ça faisait super mal et il avait très envie que ça s'arrête. il relève la tête, observant son sauveur un instant. il ne l'avait jamais vu. enfin il supposait. s'il l'avait déjà vu, alors il l'avait oublié.

ses agresseurs écoutèrent l'autre garçon et s'enfuirent sans se faire prier, probablement honteux de s'être fait griller. tant mieux. le calme revint dans le petit couloir du bâtiment ivoire. declan se redressa lentement, s'asseyant dos au mur. il toussa un peu. le silence commençait à devenir gênant, tellement il s'allongeait. il n'osait pas croiser le regard de son sauveur.

* merci... c'est gentil d'être venu m'aider.

* non, tout va bien.

bon sang, mais pourquoi il était sec, comme ça, tout le temps ? il se retient à peine de grimacer, détournant encore le regard de son sauveur qui allait certainement mal le prendre. il n'aimait pas qu'on le touche comme ça, il n'aimait pas qu'on touche son visage, il n'aimait pas les contacts physiques. c'était quoi ces gens qui n'avaient aucune idée du concept d'espace vital ? au pire, il était habitué, et puis si ce dernier voulait lui donner un coup de pied à son tour, qu'il le fasse. il ne serait ni le premier, ni le dernier.

il se relève difficilement, rejetant toute aide possible de l'autre garçon - et puis finalement ses jambes ne le supportent pas et il s'écroule à nouveau sur le sol. aie. ce n'est pas surprenant que cela fasse aussi mal mais, tout de même. il se serait cru capable de retourner jusqu'à sa chambre sans aide. il n'ose pas croiser le regard du garçon, et il reste prostré sur le sol, comme un petit animal sans défense. la grande classe.

* ne te moque pas. s'il te plaît.

il s'est traîné, un moment. quelques minutes tout au plus. il a rampé, comme lyam lui a dit, sans se dire que l'autre garçon devait probablement se moquer de lui, sans se dire qu'il avait l'air ridicule, qu'il avait l'air pitoyable. à quoi devait-il ressembler, allongé sur le sol comme ceci ? il ne sait pas. ce n'est pas la première fois que cela lui arrive, pourtant.

une fois, son père lui a donné un coup de pied dans le dos. ce n'était pas méchant, enfin declan a supposé que ça ne l'était pas, que ce n'était qu'un jeu. declan s'est retrouvé par terre - et il lui a dit de ramper.
alors, il l'avait fait. il avait rampé, comme son père lui avait demandé. la situation d'aujourd'hui n'est pas si différente de celle d'hier, c'est ce qu'il remarque. ça aurait pu lui arracher un sourire si il avait su sourire.
il ne sait pas vraiment sourire. oh, daim a bien réussi à lui arracher un semblant de sourire l'autre jour. mais aujourd'hui ce n'est pas vraiment la même chose. il n'y a pas daim, heureusement qu'il n'est pas là, qu'aurait-il dit sinon ?

il soupire. il a mal. il sent le regard perçant de lyam sur sa nuque et il la ressent - la honte. elle pèse dans son coeur, elle pèse comme une brique lâchée sur son estomac. son coeur se resserre l'espace d'une seconde et il capitule. sans un regard, il murmure :

* aide-moi, s'il te plaît.

il se laisse faire, le visage fermé, le regard traînant sur le sol dans le silence le plus solennel qu'il n'a jamais eu à offrir. il n'a pas envie de faire la conversation - surtout si c'est pour ressasser un échec, en tous cas, l'échec de s'être laissé aller à être faible. encore.

les épaules de lyam étaient solides : et en pensant cette phrase, il ne savait pas s'il parlait de son physique ou bien de son mental. peut-être que s'il avait voulu aller de l'avant, il se serait inspiré du jeune homme. mais le moral n'y était pas - est ce qu'il y avait été, un jour ? hm. il pinça les lèvres, les yeux éternellement baissés.

* pourquoi est-ce que tu m'as aidé ?

la question brûlait tant ses rêves qu'il se sentait obligé de la lui poser ; mais il doutait recevoir une réponse. il redressa doucement la tête vers lyam, le détaillant.

* je n'ai rien à offrir en retour.

il y a un silence, il conçoit que l'autre garçon n'ait pas envie de lui répondre. lui, se torture l'esprit, soupire doucement.

* c'est pour garder une bonne image ? ou par simple principe ?

il a l'impression de toucher juste, curieusement. peut-être que c'est simplement son intuition, mais il aimerait beaucoup que cela soit vrai.