golden boys •• sani & lyam

tu n’avais pas envie d’être là. non pas parce qu’être là était en soi une mauvaise chose, mais tu souhaitais juste faire autre chose, et ça, ça prenait ton temps. mais bon, tu n’avais pas trop le choix. et puis, recevoir des compliments, ça ne se refusait pas. alors, comme t’avais appris ton père, tu souriais à ton interlocuteur et attendait patiemment qu’il finisse, tout en hochant de temps en temps la tête pour montrer que tu l’écoutais encore. ce qui n’était pas vraiment le cas. tu étais déjà en train de réfléchir à ce que tu allais faire après.

alors que ton tuteur te félicitais pour le dernier numéro du journal, quelque chose attira ton attention. ou plutôt quelqu’un. enfin, non. quelque chose, ça lui allait bien. le responsable du club jardinage venait de débarquer, et d’après ses dires, il se plaignait d’être dans ce club là. d’après tes sources, il venait souvent se plaindre, et en vrai, il y avait de quoi. faire du jardinage n’était vraiment pas la chose la plus intéressante au monde. mais bon, la vie était injuste. parfois, les gens étaient chanceux, parfois, il se faisait juste baiser.

néanmoins, ça te faisait quand même bien rire. de voir le malheur des autres. sadique.

tu attendis que le tuteur te lâche, puis, au lieu de disparaître comme prévu, tu te glissas au côté de sani. « bah alors. on n’aime plus les fleurs ? l’idée de t’imaginer en salopette et chapeau de paille est si mignonne pourtant. »

« ah. ah. » si seulement sani savait de quoi se composait tes rêves. la gêne ne serait plus son seul souci. mais bon, il n’avait pas assez d’importance à tes yeux pour apparaître dans tes rêves. pour être celui qui reçoit des coups de couteaux encore et encore, jusqu’à ce que le corps se teinte entièrement de rouge.

« yerk. » le simple fait d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler sani nu dans un champ te donnait envie de vomir, figurativement parlant. qu’on retrouve son cadavre nu dans un champ, ok, pourquoi pas. mais là encore, tu avais du mal à accepter le “nu”. qu’il garde sa salopette, c’était mieux pour tout le monde.

cela dit, tu n’avais pas fini d’énerver sani. pour toi, lui taper sur les nerfs, c’était un peu comme un passe-temps amusant. cela te faisait bien rire de le voir partir au quart de tour, du moment que tu ne t’en prenais pas une derrière. quoi que, niveau violence reçue, tu n’étais plus à ça près. et tu étais assez curieux de voir comment réagiraient les tuteurs si sani se mettait à te cogner.

tu vins gentiment de positionner derrière lui et posa tes mains sur ses épaules, te rapprochant un peu plus de lui pour pas être entendu par les autres. « détends-toi, sani. prendre ta petite fleur est la dernière chose que je souhaite faire. »

ah bon. il avait décidé de jouer le jeu. ça ne t’arrangeait pas trop ça. tu n’étais pas sûr de gagner la manche. ou en tout cas, tu pouvais risquer de perdre beaucoup en jouant. perdre l’image que tu avais, par exemple. et tu n’avais clairement pas envie de la perdre parce que certaines personnes pensaient que tu étais en couple avec sani. autant se tirer une balle tout de suite dans la tête, ça irait plus vite.

cependant, quelque chose ressemblant à de l’ego te disait que tu ne pouvais pas laisser sani s’en tirer comme ça. tu avais très bien compris que tu ne pouvais pas l’humilier, il arrivait déjà très bien tout seul, rien qu’avec le club jardinage. alors qu’est-ce que tu pouvais faire quand tu ne pouvais pas ridiculiser quelqu’un ? utiliser la violence. c’était horrible comment parfois tu pouvais ressembler à ton père. tu ne l’avouerais jamais à haute voix, mais tu avais bel et bien hérité quelque chose de lui : ton besoin d’être au-dessus des autres.

lentement, tu vins poser ta tête sur son épaule, lui murmurant doucement à l’oreille. « fais attention, duan. un jour, je t’attendrais avec un couteau à la main. » tu joignis le geste à la parole en appuyant ton pouce dans son ventre, le décalant petit à petit vers la droite. puis, le sourire au lèvre, tu déposas un baiser sur sa joue et dégageas tes poignets de son emprise. « bisous, chéri~ n’hésites pas à venir me voir quand tu veux ».

riant légèrement, tu sortis de la salle d’administration. sani pouvait toujours se plaindre d’avoir reçu une menace de mort, c’était sa parole contre la tienne. et honnêtement, qui croirait le péquenaud du club jardinage ?

eeet. il te suivit. il fallait croire que tu ne pouvais pas t’en débarrasser aussi facilement. quelle idée d’être aller le voir aussi. tu avais clairement mal calculer son désintérêt complet pour son image. mais bon, maintenant que tu y pensais, c’était à prévoir. le mec était dans le club jardinage, il devait être familier avec le terme “touche le fond mais creuse encore”. sani avait l’air bien déterminé à s’enterrer, en t’entrainant avec lui. et alors qu’il t’attrapait de nouveau, tu réalisas qu’il t’avait pris au piège. tu ne pouvais pas le frapper, pas tant qu’il y avait un public. mais tu ne pouvais pas non plus le laisser te coller de la sorte.

tu souris. ce que tu devais faire était plutôt évident, au final. tu pouvais prendre la décision de le laisser sombrer tout seul.

tu te dégageas de nouveau de son emprise et te tournas vers lui. « ah… désolé sani… » tu t’adressas à lui calmement, mais d’une voix tout de même assez forte pour être entendu par les personnes aux alentours. « je suis flatté par ton intérêt, mais je suis plus intéressé par les filles. » si un élève était dans les parages, ce qui pouvait être fort possible, tu espérais que celui-ci écoutait bien tes paroles pour qu’il puisse répandre de sacrés rumeurs par la suite. sani semblait vouloir signer son décès social, et tu te faisais un plaisir de l’aider.

« mais si tu veux, on peut rester ami. » jamais de la vie. mais tu ne voulais pas que les gens pensent que tu étais homophobe. cela te donnerait une mauvaise image à coup sûr. et puis, cela te ferait surtout un point commun (de plus) avec ton père, ce que tu refusais catégoriquement.

tu restais bien calme face à ces accusations. peut-être même un peu trop calme. cela était mauvais signe. pour lui en tout cas. car oui, si tu étais aussi calme, c’était pour une raison : tu étais persuadé d’avoir le dessus. dorénavant, tout ce que pouvait faire ou dire sani ne t’atteignait pas.

face à la situation, tu éprouvais un plaisir malsain à voir sani s’enterrer encore et encore. de sorte que, quand tu éclatas de rire ce ne fut pas seulement pour le show, tu étais vraiment amusé.

« aaaa sani sani sani » finis-tu par dire après avoir calmé ta crise de fou rire. « je ne savais pas que tu m’aimais à ce point. » tu t’écartas un peu plus de lui, histoire de ne pas être à côté si l’envie lui prenait de t’en foutre une. « écoutes, sani. comme je te l’ai dit, je suis flatté par ton intérêt, mais évite de prendre tes fantaisies pour des réalités. c’est gênant. » contrairement à tes paroles, ton visage lui offrit un grand sourire. vous saviez tout deux que c’était n’importe quoi ce que tu racontais. que tu avais même été celui qui avait initié cette situation. mais malheureusement pour lui, votre public n’était pas au courant de ça. les oreilles indiscrètes n’avaient eu qu’une partie de votre échange, et de ce fait, la victoire sera pour celui qui donnerait la version la plus convaincante. et très sincèrement, ta version avait plus de chance de fonctionner.

entre le looser du club jardinage fou amoureux du leader du club journalisme et le fait que tu serais secrètement gay, tu avais beaucoup de mal à imaginer que des gens penserait que la deuxième option soit la vérité.

oh. il abandonnait. face à cela, tu ressentais des émotions contraires. d’une part, tu étais heureux de ta victoire. d’autre part, tu étais assez déçu que cela s’arrêtait là. tu commençais vraiment à t’amuser. mais bon, cela ne servait à rien d’être si avare. tu étais certain que cette histoire n’était pas fini.

tu avais d’ailleurs hâte de voir si sani finirait par mettre ses menaces à exécutions. te concernant, tu n’hésiterais pas une seule seconde à lui faire du mal. cela dit, tu étais plus à même de le blesser physiquement que mentalement. bien que tu avais les moyens pour lui faire péter les plombs, tu n’osais pas t’en prendre à nuni, son petit frère. du moins, pas encore.

tu observas sani disparaître au fond du couloir, le saluant lentement, le sourire aux lèvres. oui, tu avais décidément vraiment hâte de voir où ce conflit te mènera.

raviver par cet échange, tu quittas à ton tour le bâtiment d’une humeur joyeuse. qu’allais-tu faire dès à présent ? ta rencontre avec sani t’avait empêché de planifier ta journée. peut-être devrais-tu aller t’occuper du club journalisme afin de prévoir la prochaine édition. oui. c’était une bonne idée. tu devais d’ailleurs surveiller à ce que certaines rumeurs ne se répandent pas.