this is why the art teacher doesn't fcking love you

Les cours du club d'art relevaient toujours du fiasco sans nom ; il y était habitué désormais. Il ne régnait pas forcément une mauvaise ambiance dans la salle d'arts plastiques : mais on pouvait comprendre en un seul coup d’œil que les esprits un peu tordus des différents élèves étaient trop pour Abrahel, qui peinait à gérer la situation.

Il y avait Kaela, qui était... indescriptible, et qui à ce jour restait relativement imprévisible à ses yeux. S'il avait un talent pour comprendre le fonctionnement de la plupart des têtes qui se présentaient à lui, Kaela restait une énigme. Un coup absolument adorable, et la seconde d'après elle lui donnait envie de la jeter par la fenêtre.

Heureusement pour lui, Achilles et Angel étaient un peu moins retords, voire bien moins difficiles à gérer. Angel portait bien son nom. Il n'avait rien à lui reprocher et parfois une pensée rassurante comme ah, heureusement qu'Angel est là lui venait à l'esprit. Bien qu'il se méfiait encore de lui - il avait appris à ses dépends que les apparences pouvaient être trompeuses, et il était le mieux placé pour savoir que les jeunes hommes aux visages poupons et aux manières irréprochables pouvaient être de parfaits menteurs; ainsi, il s'attendait à quelque coups à revers un jour et s'arrangeait pour ne jamais tourner le dos au garçon.

Et puis Achilles... restait, désespérément, Achilles. Tantôt bien trop énervé, tantôt bien trop léthargique. Kaela et lui se chamaillent souvent et parfois Abrahel a peur que cela vire en guerre rangée - au beau milieu de son cours. S'il était moins hyperactif que la jeune fille et moins brillant que l'autre garçon (ce qui n'était pas un mal en soi), Abrahel le gérait difficilement, notamment parce qu'il se rendait compte qu'il avait du mal à piquer son intérêt, à générer sa curiosité. C'était... triste. Il supposait. Il espérait juste ne pas céder et lui planter un pinceau dans l’œil à la prochaine blague immensément lourde que l'étudiant lâcherait. Parfois, il lui faisait penser à Orestes. Et clairement, pas les meilleures facettes d'Orestes.

Soupir. Il constate le bordel ambiant dans la salle d'arts : notamment, le tas de paillettes que Kaela venait de faire tomber par terre. Les paillettes se mélangent à la peinture déjà éparpillée sur le sol, et il se dit que si Jun tombe là-dessus, il va lui faire payer. Les élèves sont -curieusement- tous tachés de peinture, pas de la tête aux pieds heureusement mais suffisamment pour qu'il le remarque. Il plisse les yeux.

* Bravo. Je me suis absenté à peine trois minutes. Vous avez quel âge, cinq ans ? Quatre peut-être.

Il observe un filet de peinture qui coule le long de la porte ouverte, cette même peinture qui colore les murs à diverses endroits. Merveilleux. Il avait la confirmation qu'il ne pouvait pas les laisser seuls pendant un instant ; définitivement, ils ne savaient pas s'autogérer sans que cela vire à la catastrophe. Il leur adresse un sourire angélique, essayant de réprimer les mauvaises ondes qui pourraient émaner de sa personne. Ah, oui, sur le coup il a envie de les buter.

* Eh bien, vous allez me nettoyer tout ça sans broncher.