dormir ? connais pas. •• pv daim caramel

tic… tac… tic… tac…
les rouages de ta montre faisaient beaucoup trop de bruit. c’était fou à quel point quelque chose de si commun pouvait se montrer terriblement agaçant quand on y prêtait trop d’attention. ce n’était pas que tu avais envie d’enlever la montre de ton poignet et la jeter à l’autre bout de la pièce, mais presque.

tu soupiras. il fallait que tu te concentres sur quelque chose d’autre. cela dit, c’était plus facile à dire qu’à faire. une fois qu’une personne avait remarqué les tic tac d’une montre, faire abstraction du son devenait plus compliqué.

tu repensas alors à ce qui t’avait poussé ici.

daim.

pourtant, tu aurais dû t’en douter. lui donner un rendez-vous matinal pour travailler n’était pas la meilleure idée. si ça se trouvait, il dormait encore. alors que toi, tu étais comme un con à l’attendre en salle d’études. tu en faisais peut-être un peu trop pour lui. tu aurais peut-être pu lui trouver une place l’après-midi dans ton emploi du temps, cela aurait été sans doute plus simple. cela t’aurait évité de te retrouver seul.

tu observas lentement la salle d’études. il n’y avait presque personne. c’était compréhensible. le dimanche, la plupart des gens dormaient toute la matinée. et il n’était que huit heures.

tu soupiras. une nouvelle fois. t’étalant un peu sur la table. il avait intérêt à arriver vite. tu ne comptais pas l’attendre éternellement.

heureusement pour toi, quelque chose vint te sortir de ton ennui. enfin, plutôt quelqu’un. une fille que tu avais déjà croisée rentra dans la salle d’étude et eut l’air ravi de t’apercevoir de si bon matin. tu la saluas, ce qu’elle prit comme une invitation à venir te voir.

« bonjour lyam ! qu’est-ce que tu fais ici ? »
« je décède. »

elle ris à ta blague. cela dit, l’attente était tout de même en train de te tuer à petit feu. néanmoins, tu adoptas une attitude chaleureuse en sa compagnie. l’ennuyer était bien la dernière chose que tu voulais faire.

et puis. au bout d’un moment, daim pointa enfin le bout de son nez. toujours en compagnie de la fille, tu désignas daim d’un geste nonchalant. « voici enfin la raison de ma venue ici. »

puis tu t’adressas à l’attention du jeune homme. « ça va daim ? tu ne t’es pas perdu en route ? »

« ah. t’inquiètes. il n’y a pas de problèmes. » c’était faux, mais tu n’avais pas envie de t’attarder sur le sujet. parfois, il y avait des choses qu’il fallait mieux faire couler. et puis, ce n’était pas ton genre de rester vexé sur des évènements de si peu importance. surtout que vous n’étiez pas seul. il y avait un public.

d’ailleurs.

« je te présente daim » tu te tournas vers la fille tout en joignant le geste à la parole. « je lui donne des cours sur tout ce qui est science. »

« oh ! c’est trop gentil de ta part !! »

n’est-ce pas ? c’était exactement pour ce genre de réaction que tu lui donnais des cours. ce n’était clairement pas grâce à ta bonté, si tant est que tu en sois pourvu. il t’avait semblé évident qu’afin d’augmenter en popularité, tu devais te mettre à aider les plus démunis. et daim et son retard intellectuel étaient arrivés comme une fleur. tu lui avais alors proposé ton aide, d’une main secourable. et tout ça, sans lui demander de faveur, ou du moins, pas ouvertement. tu n’étais pas contre l’idée de demander son aide dans le futur.

bref. tu revins dans le vif du sujet. « la chimie peut être parfois assez difficile à comprendre, mais ne t’en fais pas, on trouvera bien un moyen pour la rendre plus simple. »

mais avant ça. « hm… » tu observas la fille qui semblait être intéressé par la façon dont tu allais simplifier la chimie. « est-ce que tu peux nous laisser, s’il te plait ? » ce n’était pas que tu n’appréciais pas sa compagnie, mais pour le coup, tu préférais rester en tête à tête avec daim, aussi bizarre que cela puisse être. bien que tu aimais avec un grand public, donner des cours particuliers n’était pas un spectacle, et tu n’avais clairement pas besoin de l’intervention de la fille. de plus, tu ne la connaissais pas plus que cela et tu n’avais pas plus d’intérêt que ça à la connaître.

la fille fut légèrement déçue par ta requête mais elle finit par vous laisser. et une fois qu’elle fut partie, tu adoptas une attitude plus sérieuse. « bon. on va commencer par la base. est-ce que tu maîtrises la nomenclature ? »

la nomenklatura. certes. c’était pas du tout la même chose, mais tu imaginais que c’était tout de même bien de savoir ça ? m’enfin. ce n’était pas ça qui allait l’aider à apprendre la chimie.

tu soupiras intérieurement. tu sentais déjà que ça allait être très long. mais il fallait que tu restes calme. c a l m e.

alors que tu comptais lui expliquer plus en détails en quoi consistait la nomenclature, il te coupa avec une question dont tu ne t’étais absolument pas attendu. et le pire, c’est que tu n’avais pas la réponse.

il s’agissait d’une fille. que tu avais déjà croisé quelque part. mais à part ça… tu ne savais pas grand chose d’elle. elle ne t’avait pas semblé intéressante au point de retenir son nom. bien évidemment, c’était des choses qui ne se disaient pas, et tu te retrouvais un peu con à ne pas pouvoir lui répondre. tu n’avais pas envie qu’il se mette à penser que tu t’en fichais de tout. « oh. et bien... c’était une connaissance qui était juste de passage. ne t’occupes pas d’elle. et concentres toi plutôt sur la chimie ».

et sans lui laisser le temps de poser plus de questions, tu ouvris rapidement ton livre à la page de la nomenclature et tapotas dessus pour attirer son attention. puis, tu partis immédiatement dans un speech sur la nomenclature, lui expliquant de façon claire ce que c’était. tu donnas même plusieurs exemples de mots que tu analysas minutieusement, histoire d’illustrer tes propos.

tu lui laissas tout de même quelques pauses, afin de ne pas le noyer dans toutes ses informations, et surtout pour qu’il puisse digérer tout ça.

qu’est-ce qu’elle te voulait ? pendant un instant, tu fixas daim d’un air perdu. qu’est-ce que la nomenclature te voulait ? non. ça ne devait pas être ça. … oh. oui. tu te rappelais maintenant. il devait faire allusion à la fille de toute à l’heure. tu l’avais déjà effacé de ta mémoire. et ça te perturbait un peu qu’il soit resté collé à ce sujet. ça te frustrait également. tu avais l’impression que tout ce que tu étais en train de lui expliquer rentraient par une oreille et ressortaient par l’autre sans qu’il puisse avoir le temps de retenir quoi que ce soit. tu parlais un peu dans le vide, en fait. tu commençais d’ailleurs à douter si daim avait été fourni avec un cerveau à la naissance.

« elle voulait juste me parler » tu fixas également daim, laissant un peu le silence s’installer. « tu n’as pas l’habitude qu’on vienne te parler, n’est-ce pas ? » ce n’était même pas une critique ce que tu venais de lui dire. c’était plus un fait. d’après tes échanges avec lui, tu avais conclu qu’il était un lourdaud et qu’il n’avait donc pas beaucoup d’amis. c’était un peu triste pour lui. mais bon. il fallait bien un peu de tout dans ce monde.

tu haussas les épaules, n’attendant pas spécialement de réponses de sa part. accompagné d’un soupir, tu fermas ton livre. cela ne servait plus à rien. tu voyais bien que daim avait complètement décroché.

« j’espère que tu te rends compte à quel point ta question est étrange. » c’était bien la première fois qu’on te demandait ce genre de choses. surtout que la réponse était évidente. « bien évidemment que ça m’intéresse les filles. » tu ne pouvais t’empêcher de penser que cette conversation était terriblement gênante. jusque là, tu n’avais jamais discuter des goûts et des couleurs avec quelqu’un d’autre. et la façon dont daim avait abordé le sujet était beaucoup trop bizarre à tes yeux. « mais bon… je n’en fais pas non plus une priorité. il y a des choses plus importantes dans la vie. comme avoir de bonnes notes en chimie, par exemple. » ce petit tacle de ta part, bien que gentillet, était sortit de nulle part. à croire, qu’inconsciemment, tu avais voulu le réprimander pour avoir perturbé le cours de la sorte.

tu inspiras et expiras lentement. il voulait parler de filles ? très bien. « et toi ? comment ça se passe de ton côté ? »

Honnêtement, quand tu avais posé cette question à Daim, tu t'étais attendu à ce qu'il ne t'apporte pas une réponse claire, et tu ne fus pas déçu. Ce grand gaillard avait la capacité émotionnelle d'une petite cuillère. C'était désespérant. Tu n'arrivais même pas à imaginer comment ça se passait dans sa petite tête. C'était comme si tu te retrouvais face à un livre écrit dans une langue inconnue.

Sans doute qu'il considérait la chimie comme ça. Mais contrairement à lui, tu n'étais pas du genre à abandonner aussi facilement. Tu aimais le challenge. Et tu pensais, probablement bien naïvement, que si tu réussissais à comprendre quelqu'un comme daim, tu arriverais à comprendre n'importe quoi d'autre.

Tu hochas la tête. Bien évidemment que tu étais sûr de ton coup. En tant qu’héritier d’une grande entreprise, on attendait de toi que tu te maries et donnes à ton tour une descendance afin de poursuivre la lignée. Et bien que ce n’était qu’un rêve qu’on t’avait imposé, l’idée d’avoir ta propre famille te plaisait bien. Peut-être que c’était égoïste de ta part, mais tu avais envie d’avoir des enfants, afin de prouver que tu pouvais être un meilleur père que le tien. Et pour accéder à tout cela, la science disait qu’il te fallait une fille. Bien que tu ne voulais pas voir la gente féminine comme un simple outil pour avoir des enfants, tu ne pouvais pas t’empêcher de considérer les faits comme ils étaient : l’union d’une femme et d’un homme donnait un enfant.

De plus, même si tu n’avais jamais souhaité avoir un enfant, tu n’aurais jamais pu considérer l’autre option de façon sérieuse. Certes, te voir ramener un garçon dans la famille aurait très certainement énervé ton père, mais pour le coup, en faisant ça, tu aurais franchi la ligne de trop. Et qui sait ce que tu serais devenu après ça ? Ton accès à l’héritage n’aurait très certainement pas été la chose qu’il t’aurait enlevé.

« C’est un peu différent, oui. » Tu n’avais clairement pas envie d’étaler tes problèmes à Daim. Au lieu de ça, tu préféras l’entraîner à parler plus de lui, histoire d’en apprendre un peu plus. « Il n’y a-t-il pas quelqu’un que tu préfères parmis tous ces gens ? Quelqu’un dont tu as toujours hâte de voir ? Quelqu’un dont le simple fait d’y penser te fait sourire ? »

C'était un peu culotté de ta part de donner une leçon sur les relations avec les autres, notamment sur ce qu'était un ami alors que toi-même tu n'en avais pas. Ou en tout cas, tu n'avais pas d'amis qui correspondaient parfaitement à la définition. Dans ton petit monde, il y avait Neptune, Ciel et puis les autres. Ceux que tu appelais ami sans pour autant le penser sincèrement.

Alors, donner des explications sur la différence entre une amie et une petite amie, ce n'était pas vraiment ta spécialité. Etais-tu au moins déjà tomber amoureux, ne serait-ce qu'une fois dans ta vie ? Probablement pas. L'attachement était un concept abstrait à tes yeux.

Bien évidemment, tu comprenais comment tout cela fonctionnait, mais tu ne l'avais jamais expérimenté toi-même. Tu n'étais familier qu'avec le côté théorique de la chose. Et c'était un des aspects qui te gênait le plus dans ton échange avec Daim. Tu ne pourrais jamais lui donner une réponse précise car la vérité était qu'au final, tu n'en savais pas plus que lui.

Quelque chose dans ses propos te gênait néanmoins. “Il ?” Tu secouas la tête négativement. “Je pense que tu oublies un facteur pour considérer quelqu'un comme plus qu'un ami.” Tu ne pensais pas avoir besoin d'aborder ce point mais avec la question de tout à l'heure, tu aurais dû t'en douter. “Pour nous les hommes, les personnes qui peuvent être plus que nos amis sont les femmes. C'est comme ça que fonctionne un couple. Avec un homme et une femme. Si tu te sens proche d'un autre homme, c'est juste un pote… voir un passe-temps. Mais ça ne serait pas respectueux de considérer quelqu'un comme ça, n'est-ce pas?”

Tu n'avais pas envie de te lancer dans un débat sur l'homosexualité. Et surtout pas avec quelqu'un comme Daim. Le mec avait déjà du mal avec les cours, alors ce n'était même pas la peine de traiter de sujet polémique avec lui. Toi, ce que tu voulais, c'était retourner à la chimie. Tu te sentais bien plus à l'aise sur ce sujet. Tu repris alors le livre et l'ouvrit avec un grand sourire. La pause était finie. “Et si tu essayais de te concentrer et avoir une bonne note, histoire d'épater tes proches ?”