des mots d'amour + jun

Jusque là, il avait toujours pensé que son travail lui faisait faire le sale boulot. Fréquenter des malfrats n'étaient vraiment pas une partie de plaisir. Cependant, depuis qu'il était arrivé au domaine des Astrales, son point de vue avait changé. Il avait trouvé pire que devoir se rapprocher de criminels. Et cette chose était devoir nettoyer après les autres.

S'il avait apprécié faire le ménage, peut-être que ça serait passé plus facilement, mais cela n'avait jamais été le cas. On pouvait même dire qu'il n'avait aimé le faire. L'avait-il déjà vraiment fait ? Quand il vivait encore chez ses parents, sa mère s'occupait de tout nettoyer. Et depuis qu'il avait pris son envol, il enchaînait les nuits dans des hôtels, sans jamais avoir de chez lui et donc d'endroit à nettoyer.

Toutefois, aujourd'hui, ça devait être plus agréable que son quotidien habituel. Il devait aménager un bureau et pour se faire, il était allé chercher des bras pour l'aider. Cela dit, peut-être aurait-il dû s’abstenir.

Les yeux rivés sur le mégot qui venait d'être jeté, Jun contint un sifflement méprisant. 《 Ne fumes-tu déjà pas assez ? Tu devrais arrêter,  c'est mauvais pour ta santé. Je m'inquiète pour toi, mon chou. 》

Son regard parcourut la salle qui avait bien besoin de rangements. Des cartons remplis de dossiers recouvraient la surface. Il soupira et fit un grand geste pour désigner tout ce bordel. 《 D'après ce que j'ai compris, il faut dégager tout ça dans le débarras. Mais ! Il faut faire en sorte de les ranger de façon organisée. Passionnant, n'est-ce-pas ? 》

« oh tu me brises le cœur ». et il lui cassait les couilles, également. Il aurait peut-être dû faire plus d'effort dans sa recherche de bras pour l'aider. Bic, par exemple, aurait sans doute été plus utile. Mais d'un côté, il éprouvait un certain plaisir à pourrir la journée de Darwin, même s'il devait en payer le prix. Et puis, c'était toujours mieux que devoir ranger tout ce merdier tout seul. Au moins là, il pouvait entraîner quelqu'un dans ses malheurs.

Et c'était assez malheureux ce qu'il se passait. On lui avait ordonné de déménager des dossiers, mais il ne savait même pas pourquoi il faisait cela. Certes, c'était pour libérer une salle, mais il n'en savait pas plus. Il avait l'impression de faire un travail sans but. Juste quelque chose pour l'occuper. De plus, il n'était pas vraiment sûr ce que « organiser » voulait signifier dans ce contexte. Ses supérieurs voulaient-ils que les dossiers soient classés par thème ou qu'il utilise ses compétences en Tetris pour les ranger ? Il soupira et secoua la tête. « Au pire, si ce qu'on fait n'est pas assez bien, tu pourras toujours m'envoyer tes élèves pour qu'ils finissent le job. »

Suivant son collègue, il prit à son tour des cartons qu'il emména sans plus de cérémonie jusqu'au débarras. Mais une fois arrivé là-bas... Honnêtement, il aurait pu s'en douter. Ou du moins, il aurait dû faire en sorte de vérifier à quoi le débarras ressemblait avant d'y aller. Cela aurait été beaucoup plus professionnel. Mais il semblerait qu'il n'avait pas envie de faire autant d'efforts dans ce métier.

Le débarras, quand à lui, portait bien son nom. Si la salle qu'il venait de quitter était en basard, ce n'était rien contre ici.

Blasé et dégouté par tout cela, il déposa ses cartons devant le seuil puis s'assit par terre, laissant sa tête tombé doucement en arrière. « J'en ai marre. »

Il n’avait pas envie de faire d’efforts. Il détestait ce rôle de concierge. Mais en même temps, on pouvait dire que son déplaisir faisait parti de son personnage. Il était le concierge qui n’aimait pas son job. Quelque chose de malheureusement assez fréquent dans la vie courante.

« oh, si tu savais… j’étais même pire que clyde. » C’était absolument faux mais il voyait Darwin comme quelqu’un doté d’assez de jugeote pour le comprendre. Le fait d’imaginer clyde à sa place lui arracha un sourire. Il aurait probablement donné tout l’or du monde pour voir la célébrité se salir les mains de la sorte. C’était malsain de sa part d’éprouver du plaisir de la sorte, mais cela était loin de la faire culpabiliser. La petite rivalité qu’il entretenait avec clyde n’était pas sans raison.

Il se releva avec difficulté, vieillard avant l’heure. Bientôt, on pourra le croiser dans les couloirs accompagné d’une cane. Pour s’aider à marcher ou frapper les élèves ? Cela n’était pas encore sûr.

Il jaugea Darwin de haut en bas. « J’espère que ces muscles ne sont pas là juste pour le show et servent à quelque chose. » Armé de son courage, ou ce qu’y ressemblait, il saisit un escabeau qui lui barrait le chemin et le mit de côté. Petit à petit, il s’attela aux rangements, bien que de mauvaise volonté. « Franchement, j’ai l’impression qu’ils ne savent plus quoi inventer pour me garder occupé ».

Il arqua un sourcil, plus par jugement que par un réel questionnement. En effet, il n'avait pas envie de savoir à quoi ils servaient. « tu fais ce que tu veux, mec ». La sexualité de Darwin était l'un des derniers potins auxquels il avait envie de discuter. La nonchalance de sa voix disait même ''j'en ai rien à foutre''. Par contre, le suite des propos de Darwin le préoccupait plus. Là-dessus, il en avait pas rien à faire, il ne voulait tout simplement pas que l'autre con se ramène. « j'espère qu'il ne va pas répondre ». Certes, cela pourrait être drôle à voir, mais en même temps, il ne souhaitait pas voir la sale tête de clyde. Rien qu'entendre sa voix l'irritait.

« et puis, tu ne veux vraiment pas passer du temps tout seul avec moi dans un espace clos ? » Il lui fit un regard de biche, ses cils papillonnant comme une jeune fille qui faisait du charme. « il fut un temps, n'importe qui aurait rêvé être à ta place. Sens-toi honoré, mon petit Darwin. » Franchement, taquiner Darwin était tout de même bien plus intéressant que ranger ce débarras.