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Daim Barzoï
Daim Barzoï
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Fiche : ça yest c officiel ça vient de sortir JE MEMMERDE ça me GAVE les cours on va lancer des fusées d'eau
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Club : nature. il sèche une fois sur trois. en fait, il l'a juste choisi pour avoir le droit de partir dans la forêt sous la supervision d'un adulte régulièrement grâce aux activités de club mais dès que les autres membres décident de rester dans une salle pour étudier des publications ou autre chose, il se fait la malle et va squatter les clubs de sport ou de jardinage.
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Jeu 21 Fév - 17:50

la forêt. c'est une bonne nouvelle qui est arrivée dans la matinée, un message transmis par un professeur, à peine quelques mots, simplement un petit "le club nature aura le droit d'aller récolter des échantillons ce soir après les cours" très formel, et pourtant c'est une joie immense qui fait oublier tout le reste à daim. autant dire qu'il est insupportable, encore pire que d'habitude. il tapote sur son bureau sans arrêt, se lève pendant les cours à plusieurs reprises car il ne tient plus en place. les yeux collés à la fenêtre, en train de réfléchir à tout ce qu'il pourrait faire pendant cette sortie tant attendue. il l'avait réclamée pendant des jours, supplié les autres membres du club et il avait évité des punitions uniquement car ses colocataires avaient eu la bonne idée de le ceinturer pour l'empêcher d'aller toquer dans le dortoir des professeurs après le couvre feu pour leur demander quand est-ce qu'il aurait enfin le droit d'aller chas... enfin, d'aller récolter des spécimen dans la nature et d'arracher des fougères.

heureusement, il avait plus ou moins été soutenu par les éléments plus "scientifiques" de son club qui avaient trouvé le moyen de fournir une vraie justification à la sortie qui se profilait. évidemment, elle serait encadrée par des adultes qui seraient surtout là pour les empêcher de partir en courant dans la montagne, et malheureusement, le port d'armes restait interdit car difficile à justifier pour une simple sortie sur le terrain, mais il était persuadé qu'avec encore quelques harcèlements nocturnes dans les chambres des autres membres du club, il trouverait bien le moyen d'obtenir quelque chose, au moins un arc ou un couteau.

toujours est il que l'heure tant attendue est là, elle arrive, ça y est, et lui, il trépigne, il se fait engueuler par son tuteur, une fois, deux fois, trois fois et puis tant pis pour la retenue qui l'attend samedi matin. il se retient de partir en courant dans le couloir une fois que le dernier cours est terminé et il ne fait une pause dehors avant d'aller récupérer ses affaires que pour étudier la météo. c'était un de ces débuts de soirée d'été, chaud et agréable, presque étouffant sans la petite brise qui soufflait régulièrement. le soleil n'était pas près de se coucher, et daim non plus, ça tombait bien. si seulement il pouvait trouver un moyen de gratter du temps et de prolonger la sortie plus longtemps...



même une fois dans son élément, il n'arrête pas pour autant de faire chier. heureux comme il est, c'est dur de se retenir de pousser les autres à s'enfoncer un peu dans la forêt et non, sérieusement, j'ai pas envie qu'on passe dix minutes à regarder ce champignon alors que j'ai l'impression d'avoir vu un geai sur le pin 15 mètres plus loin. la sortie est à peine commencée, il n'est même pas sûr qu'il a pensé à saluer ses camarades, trop emballé par l'idée de pouvoir marcher dans la forêt, mais il est déjà en train de jeter des regards assassins à tout ceux qui proposent de prendre leur temps sur le premier buisson venu. les deux accompagnateurs, des professeurs de biologie, interviennent pour donner plus d'explications sur les espèces mais dès que l'un d'eux commence de prendre la parole, daim perd le fil et cherche des traces de passages d'animaux.

ils sont encore trop proches du domaine pour qu'il remarque quoi que ce soit qui l'intrigue vraiment alors il décide de se rabattre pour l'instant sur un de ses camarades, Amo, un gars... heu, un gars. il ne sait pas vraiment si il l'aime bien, mais il lui reconnaît un certain nombre de qualités. assez pour qu'il se sente assez mal d'avoir à peine remarqué sa présence sous le coup de l'excitation de cette première sortie. un peu gêné, il se dit que la meilleure façon de l'aborder est d'y aller simplement alors il se rapproche, le salue d'une grande claque dans le dos en ignorant totalement les deux adultes en train de déblatérer quelque chose sur les hybrides du chêne pubescent un peu plus loin :

* j't'ai pas vu avant, dit. ça fait plaisir, cette sortie, tu trouves pas ?


Amo Heisenburg
Amo Heisenburg
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Club : nature. normalement, il aurait dû aller en maths, vu que c'est ce qui se rapproche le plus de ses passions (tu sens le mec fun ? moi non), mais bon, il avait trop la flemme de se retrouver qu'avec des nerds qui bandent en faisant des divisions de tête. du coup il s'est inscrit au club nature, au moins il marche, sort du domaine, et espère trouver de quoi se fumer une petite clope un de ces quatre, voire trouver un moyen de se barrer et de disparaître dans la nature pour finalement se reconvertir en grinch.
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Jeu 21 Fév - 23:34

Une des tares d'Amo était justement son prénom : court et ouvert, il était assez facile de trouver des quolibets plus ou moins inspirés à son propriétaire : « Amovible », « Amovaise humeur », « Amobylette »... Heureusement, ou plutôt malheureusement, le propriétaire en question savait faire comprendre quand quelque chose l'énervait. Si si, il y a arrivait ! Simplement, il se passait bien trop souvent de l'étape « discussion » pour sauter directement à la case « violence ». Évidemment, la vie, ou du moins la société, avait régulièrement essayé de lui faire comprendre qu'on ne pouvait pas se permettre de réagir comme ça, que ça n'était pas comme ça que cela marchait, mais Amo n'en avait cure.

Tenez, par exemple : le matin-même, alors qu'il s'était traîné jusqu'au cours de philo, qu'il détestait pourtant aimablement, il avait appris qu'il allait avoir une sortie avec le club nature. Sur le coup, Amo n'en avait pas pensé grand chose.
Il ne pensait pas grand chose du club nature en général. Il s'y était inscrit avec le secret et fol espoir de trouver des gens un peu comme lui, des démissionnaires, ou au moins des hippies en communion avec la nature, histoire de le changer de son quotidien en topaze quoi. Mais non. Exceptés deux-trois originaux, c'était pour la plupart des cas chelous, passionnés par la photosynthèse et l'humus sur les cailloux, qui passaient des heuuuuuuures à étudier un pauvre bout d'écorce au microscope. Lui qui s'y était réfugié en renonçant aux maths, il lui arrivait de regretter ce choix impulsif. Cela dit, il n'y avait pas beaucoup de choix impulsifs qu'il ne regrettait pas.

Donc, Amo n'avait pas pensé grand-chose de cette sortie, juste qu'il pourrait se dégourdir les jambes, et essayer de se situer géographiquement un peu plus précisément. Il avait eu l'excellente idée de s'endormir comme un sac durant le trajet en bus, et il ne s'était réveillé que lorsque le chauffeur avait pilé à l'entrée du domaine. Ne pas savoir où il était le mettait mal à l'aise. Il avait l'impression d'être enfermé dans l'infini.

En tout cas, Amo n'en avait rien pensé jusqu'à ce que son voisin de table, qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, mais qui connaissait son prénom et qui semblait particulièrement mal inspiré ce matin, commença à ricaner en chuchotant : « Bah alors, Amowgli, on retourne dans la forêt ? »

Étincelle au dessus d'une nappe de pétrole. Amo n'avait même pas réfléchi ; 8h10, c'était bien trop tôt pour ça. Il avait simplement tendu le bras vers son camarade, l'avait placé derrière sa nuque, et, dirigeant le front du gars vers son bureau, il avait appuyé. Fort. Très fort. Et très vite aussi. Il y eut un petit « bonk ! », suivi d'un cri de douleur. Évidemment, cela fit tâche dans le silence bourdonnant de la classe. Amo aurait bien aimé sortir une punchline badass, pour signer son acte et se donner une street cred qu'ici, il n'avait pas. Ou plutôt, il aurait aimé être le genre de gars qui sort des punchlines badass. Mais la plupart du temps, elles lui venaient après. Il aurait pu lui sortir « De poussière, tu retourneras à la poussière », ou « Remonte dans ton arbre, le chimpanzé ». Mais évidemment, ça lui était venu bien après, quand il avait dû passer la serpillière dans la cantine en guise de punition. Chienne de vie.

Du coup, Amo était plutôt remonté en arrivant au club nature. Lui, tout ce dont il avait envie, c'était d'aller se coucher et de dormir, dormir pour oublier sa journée, et celle d'hier, et celle d'avant, et toutes les autres. Oublier qu'il avait peut-être un peu sur-réagi tout à l'heure, comme les autres fois. Oublier où il était, et pour quoi il était là, ou plutôt oublier le fait qu'il ne savait pas pourquoi il était là. Bref, dormir, être seul... Tout le contraire d'une soirée club en nature, en compagnie du club des biologistes perchés.

Il avait donc gardé le silence pendant tout le début de la balade. Il ne touchait pas à grand chose voire à rien du tout ; à la limite, quand le groupe s'attardait trop longtemps sur « oh mon dieu, une empreinte d'écureuil, il faut que je fasse un moulage, dites professeur je peux avoir le plâtre », il s'adossait à un arbre en faisant la moue et donnant des coups de pieds dans le vide. Cette pose, nonchalamment étudiée, avait deux buts. Premièrement, elle servait de panneau d'avertissement « attention, je tire la tronche, et je mords ». Deuxièmement, elle lui servait d'excuse insidieuse pour continuer à faire la gueule : ah ouais, personne ne voulait lui parler ? Très bien, lui aussi pouvait continuer à tirer la tronche et à ignorer tout le monde, pas de problème. Amo, malgré ce qu'il disait, aimait bien se trouver des excuses pour justifier son incapacité notoire à sociabiliser.

Alors qu'il était occupé à... faire la tête, mais de façon mystérieuse et terriblement classe -du moins, c'est ce qu'il pensait-, voilà qu'on l'agressait en le poussant par derrière ! Les yeux déjà brillants, et le poing déjà serré, il se détendit en apercevant Daim. Daim, c'était à la fois le club nature dans toute son essence, et un OVNI, tout comme Amo. Contrairement aux autres, il n'avait pas l'air spécialement intéressé par l'aspect scientifique du club, mais il avait tout de même l'air passionné. Amo ne savait pas vraiment quoi penser de ce gars : il n'arrivait pas à savoir s'il le trouvait débile ou particulièrement intelligent. Mais bon. Même s'il était plus petit qu'Amo, ce qui était en soi assez rare pour un garçon, il était aussi beaucoup plus... carré. Le blond avait donc noté dans un coin de la tête d'éviter autant que possible les conflits avec lui.

Oubliant toute volonté agressive, mais sans pour autant relâcher sa prudence, Amo leva la paume pour lui faire un check. Il n'avait jamais checké Daim, mais il espérait ne pas se prendre un vent.

« T'inquiète. Et ouais, ça fait plaisir de sortir un peu de c'te cage. Putain, crois que je vais devenir cinglé à force d'être enfermé. »

Il observa d'un œil critique laborantin n°4, en train de noter avec passion ce qu'il voyait autour de lui. Amo fit la liste mentalement : des arbres, des cailloux, des arbres, des feuilles, des buissons et des arbres. Woaw. Bravo trucmuche. Ta participation est grave utile aux intérêts de l'Humanité, continue comme ça.

« Après, je suis pas certain de voir l'intérêt. Genre... je vois pas en quoi savoir le nom d'une plante à la con va m'aider à survivre. J'pensais qu'on allait apprendre à faire des feux sans cramer la forêt entière, ou des trucs du style, 'fin des trucs intéressants quoi. »





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Daim Barzoï
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Ven 22 Fév - 16:41

oula, il a pas l'air très en forme, Amo. en même temps, il fait assez souvent la gueule. n'allez pas croire que Daim est toujours tout sourire mais... quand même, on voit une différence, même si les mauvaises langues feraient des comparaisons hâtives. mais Daim n'a pas vraiment le temps de réfléchir à tout ça, à l'instant où il salue son camarade d'infortune : il pense surtout au fait que c'est pas très malin d'aller dire bonjour à quelqu'un qui a la sacrée réputation de se faire méchamment respecter avec ses poings en le frappant dans le dos. en fait, c'est même la meilleur manière de s'en prendre une et il ne sait même pas par quel miracle l'autre ne le fracasse pas à l'instant, car après tout, si on lui faisait le même coup il n'était pas sur de réagir de manière aussi clémente. quoique, si c'est quelqu'un qu'il apprécie... ... eh. ça veut dire qu'Amo l'apprécie ? il ne sait pas quoi faire de cette information.

il l'aime bien aussi, il croit. en tout cas, il n'a certainement pas assez d'animosité pour avoir la cruauté de ne pas lui rendre son check quand il voit la paume levée devant lui. son sourire s'élargit un peu, plus franc. il a presque l'impression d'avoir un ami, et pourtant qu'est-ce que c'est compliqué. si seulement ça pouvait se résumer à des accolades bourrues et des checks dans la forêt, il s'en sortirait peut être mieux.

en tout cas, ils se sont salués et il partage exactement le même sentiment d'enfermement que lui, alors ça le rapproche un peu. il ne peut qu'hocher la tête pour exprimer son approbation, ils sont vraiment comme des animaux en cage, dans ce foutu pensionnat. est-ce que ce sont les vraies conditions que l'on doit réserver à une prétendue élite ?


lorsqu'Amo se pose des questions sur l'intérêt de la sortie, Daim commence par froncer les sourcils, croyant qu'il n'était pas totalement pour l'idée qu'on les laisse se balader dans la nature, mais en fait, il est secrètement ravi car il exprime quelque chose avec lequel il est plutôt d'accord. le plaisir de partir dans la montagne, selon lui, c'est d'y aller à la dure, avec à peine de quoi se débrouiller et juste ses connaissances pour s'en tirer. pas de cataloguer des espèces végétales en marchant le long des sentiers déjà tracés. il est d'autant plus heureux que ce que l'autre définie comme "truc intéressant", c'est entièrement dans ses cordes. du coup, il se rapproche un peu, réduisant un peu la distance de sécurité qu'il essaye de maintenir avec quelqu'un capable de le mettre au sol et parle en baissant un peu la voix, sur le ton de la confidence.

* ça t'intéresse vraiment ? je peux te montrer, si les profs font pas trop attention.

bon, comment ne pas trop les avoir sur le dos, les deux ? ... pour ceux qui ne suivent pas, au fond, rappelez vous que daim n'est pas très doué en terme de réflexion. s'ils sont tous les deux concentrés sur les petites fleurs au bord du chemin ils pourraient peut être s'éloigner discrètement si le plus grand avait aussi appris à se déplacer en forêt sans trop faire de bruit... ? c'est risqué, mais ça se tente peut être ? il jette un coup d'oeil à ce qui semble être son complice, espérant qu'il a de meilleures idées que lui.



ohmondieu mais t'inquiètes pas ptit gars c'était niquel et pas de souci, je comprends, j'aime aussi pas le texte nu mais j'aime pas les codes trop chargés, je veux juste une jolie marge en gros haha
Amo Heisenburg
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Sam 23 Fév - 22:56

Daim se rapprocha alors de lui, avec l'air de celui qui prépare un mauvais coup. S'ils n'étaient pas là où ils étaient, et s'il n'y avait pas deux profs à quelques mètres d'eux, Amo aurait pu croire qu'il allait, au choix, le tabasser sans raison ou lui proposer de la drogue. De toute façon, avec Daim, il ne savait pas à quoi s'attendre. Ce type avait quasiment autant la tête du bouc-émissaire de service que du mec chelou à la sortie du lycée qui te proposait des combines pour obtenir une arme ou bien des pilules qui font rêver, man. Ce gaillard lui paraissait comme écartelé entre deux mondes, entre deux stéréotypes.

Alors lorsque Daim lui proposait de lui expliquer comment allumer un feu de manière safe en forêt, Amo eut un sourire en coin, suivi d'un petit ricanement. Bon, pas de drogues ni de coups, mais la promesse de l'apprentissage d'un truc relativement utile. Cool.
Il hocha la tête, jetant un regard suspicieux au reste du groupe. Les profs enseignaient, les élèves écoutaient… Bon, tout était normal. Quoique. Trucmuche, le super-laborantin, les fixait d'un air moralisateur derrière ses lunettes triple foyer ; décidément, ce pauvre garçon n'avait rien pour lui, entre sa myopie et sa passion presque indécente pour les arbres. Il devait se demander pourquoi les deux révoltés ne prenaient pas part aux géniales activités du club.
Le blond soutint son regard, l'air de dire « toi, tu ouvres ta bouche, je te la couds sans anesthésie ». Super-laborantin parut comprendre, et il reprit avec ferveur sa description de la forêt et son fabuleux écosystème, « oh mon dieu une feuille séchée ».

Amo entreprit alors de s'éloigner discrètement, espérant que Daim le suivrait. C'était tout de même fou à quelle vitesse il s'était découvert une passion pour « oh regardez cette arbre immense là-bas », alors que l'arbre en question faisait exactement la même taille que les autres. Mais il avait l'indéniable qualité d'être éloigné du groupe.

Alors qu'il avait fait quelques pas, Amo sortit de sa poche son briquet et, prenant garde à ne l'offrir qu'au regard de Daim, il fit glisser la molette dans un petit crissement.
Il commenta son geste, tranquillement, la voix si basse qu'elle paraissait racler le sol, tandis qu'il fit s'éteindre la flamme. Il n'avait aucun intérêt à cramer son réservoir tout de suite, surtout qu'il n'avait réussi (ou pensé, tout simplement) qu'à n'en faire entrer qu'un seul dans l'établissement, en le glissant entre deux paires de chaussettes. Il ne savait pas vraiment si c'était interdit, mais bon, mieux valait se la jouer discret.

« J'sais pas comment tu comptais t'y prendre, mais si jamais, je peux aider... »

Il jeta de nouveau un regard derrière lui : tout était normal. Parfait.

Arrivé au pied de l'Arbre (avec un A majuscule, puisque c'était en quelque sorte l'Élu), Amo s'accroupit, faisant mine de chercher des feuilles, des empreintes ou la toque du pape, peu importait, ce qui comptait, c'était qu'il fasse illusion.

La tête toujours en direction du sol, il interrogea Daim.

« Du coup, on fait quoi ? »





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Dim 24 Fév - 21:17

vu son sourire, Amo semblait avoir compris qu'il y avait moyen de faire des choses sympas dans la forêt et il avait l'air de bien meilleure humeur que tout à l'heure, c'est déjà pas mal, pour Daim. simplement car la bonne humeur est contagieuse, le sourire de Daim s'élargit en voyant celui de son camarade et à quel point il semble partant pour faire la connerie qu'il lui a proposé.

Daim ne compte même pas s'éloigner tant que ça. en fait, il le ferait même sous les yeux de tout le monde, si c'était autorisé, mais il devine déjà les réprimandes sans fin et les punitions interminables, même s'ils risquent bien plus en tentant de s'éclipser pour faire des bêtises. l'autre semble avoir trouvé la technique alors daim le suit sans bruit, habitué à cet exercice. combien de fois il s'en est prit une (affectueusement, espérons) de la part de son oncle car il faisait trop de bruit et faisait fuir le gibier...

il se retient de faire une remarque à la moindre branche cassée et serre les dents en silence, espérant que tout le monde est plus ou moins distrait par les bogues de marronniers, au moins assez pour ne pas les balancer aux adultes. ... bon, si jamais ça se produit, Daim savait qu'il accepterait la punition, puis irait rendre visite à l'élève en question pour lui apprendre que les problèmes, ça reste entre élèves et ça se règle entre élèves.

il regarde avec intérêt le briquet que lui montre Amo, étudie la flamme, allumée un court un instant. il le suit et s'accroupit en face, se demandant comment il compte s'y prendre avec ce qu'ils ont à proximité. éloignés du tumulte de la classe surexcitée devant des glands mordillés par un écureuil, loin de l'agitation et plus proche de la nature... ça fait du bien. il a envie de fermer les yeux et de se laisser porter par les sons, les odeurs, les sensations, envie de ressentir vraiment tout ce qui l'entoure. mais il n'est pas seul et n'oserait pas faire ça devant son complice, alors il se contente d'inspirer profondément et de réfléchir à comment procéder.

* c'est pas bien compliqué. bon déjà, c'est bien si t'as une source d'eau pas loin mais là on va pas faire un brasier pour la nuit.

il se releva en grognant quelque chose d'inintelligible sur ses articulations à son âge, et commence de regarder autour de lui. il se sent tellement dans son élément qu'il prend naturellement les devants et donne toute une série d'indications à Amo, espérant qu'il retiendra ça s'il en a un jour besoin :

* on va se servir de ce vieux terrier là. il montre les vestiges d'un petit terrier à moitié rebouché. il faut toujours faire un feu dans un trou pour que ce soit plus sûr. et il faut entourer le trou de pierres. juste des petites qu'il y a sur le sentier juste là ça suffira pour ce qu'on fait. ensuite il faut quelque chose à brûler : du bois mort uniquement, le vert ne prendra pas. et si tu n'as pas de coton, de papier ou quoi que ce soit pour démarrer ton feu, il suffit de déchiqueter de l'écorce, de bouleau de préférence, c'est assez huileux et ça brûle très bien. tu récupères les pierres, je m'occupe de l'écorce.

heureusement, il avait repéré quelques bouleaux juste à côté de l'endroit qu'ils avaient choisi. il espère que son compagnon ne le regarde pas trop et sort d'un trou dans la doublure de la poche de son jogging un petit couteau suisse, avec une lame ridicule. avoir une arme sur soi est forcément interdit, mais il se dit qu'avec un peu de chance vu la taille de la lame, même s'il se fait attraper il ne risquerait rien de trop grave. il n'a juste pas forcément très envie qu'Amo voit ça car il ne sait pas encore à quel point il peut lui faire confiance et ce qu'il penserait  de lui s'il voit ça. il se dépêche de découper quelques morceaux d'écorces et les déchire au dessus du trou dans le sol, jetant des coups d’œils à son acolyte.

* les pierres aident à empêcher de feu de trop déborder mais il faut quand même le surveiller en permanence. ... dis, je sais pas comment tu fais pour t'éclipser comme ça. tout ce qui me venait c'était de dire qu'on partait pisser.

en repensant à la seule idée qui lui est venue, il ne peut s'empêcher de rire. doucement, pour ne pas attirer l'attention, mais quand même.


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Mer 27 Fév - 0:34

L'eau. Pas bête. Amo avait beau savoir que l'eau éteignait le feu en cas de démarrage non contrôlé -car il possédait tout de même quelques neurones qui se connectaient de temps à autre-, n'empêche, il n'y aurait pas spécialement pensé. Pas par bêtise, juste parce que dans les films américains, les mecs solitaires, barbus et avec un passé compliqué avaient beau allumer leur feu n'importe où et surtout dans des endroits bien secs et inflammables, ça ne prenait jamais feu. Hollywood, plus fort que les pompiers. Hell yeah.

Alors, pour pas paraître trop con en avouant à Daim qu'il n'y aurait pas songé un seul instant -ou peut-être une fois qu'il aurait commencé à courir, le feu aux trousses-, Amo, l'air blasé, acquiesça d'un simple borborygme. Comme s'il s'y attendait, comme si cela allait de soi, bien sûr, de l'eau. Putain, aller de soi, quelle expression naze. Genre, le truc se déduit… de lui-même, nique la logique.

Visiblement, il ne s'était pas trompé sur le compte de Daim. Ce gars était réellement intéressé par la nature ; mais pas la nature sous vide, en petits sachets, qui borde les sentiers, que le club voulait leur faire découvrir. La vraie nature, celle qu'est rustre, brute et qui sent fort. Celle des ours, celle des vieux terriers dans le coin là-bas, qu'Amo n'aurait jamais vu, parce qu'Amo, il s'en fiche un peu, en vérité. Oh, bien sûr, il est partant pour faire une connerie, pour apprendre des trucs, pour pouvoir se dire le soir dans son lit « putain, quel rebelle je suis, Anti Social Social Club tout ça ». Mais dans le fond, ç'aurait pu être ça, apprendre à faire un cocktail Molotov (quoique, ça entrait déjà plus dans ses compétences) ou découvrir comment crocheter une serrure, il s'en serait tout aussi bien accommodé.

Daim évoqua ensuite les pierres, mais Amo s'était déjà mis en recherche ; ça, il l'avait vu dans les films, aucun souci. Tandis que Daim poursuivait sur sa lancée, avec un ton presque professoral, Amo se courbait, ramassant des cailloux de diverses tailles, dérangeant quelques familles de mille-pattes au passage. Lorsque l'autre lui enjoignit de rechercher des cailloux, Amo avait déjà presque fini de constituer un charmant petit cercle, digne d'un 20/20 en activités illégales durant les sorties du club. Alors qu'il se penchait pour en ramasser deux autres, nécessaires à l'achèvement de la « barrière de sécurité incendie », Amo sentit quelques œillades répétées lui transpercer le dos ; mais il ne dit rien. C'était sûrement sa parano, ou bien un prof qui les avait remarqués ; dans les deux cas, mieux valait ne rien faire plutôt que de se retourner, le regard furibard et deux grosses pierres à la main. Il n'avait pas envie de se faire traîner jusqu'au domaine pour « attitude menaçante », il avait eu sa ration de corvées pour la journée.

Il se retourna finalement, avec l'air le plus innocent et tranquille qu'il était capable d'arborer plaqué sur le visage : globalement, on avait juste l'impression qu'il venait de suivre votre petite sœur jusqu'à son école, mais qu'il avait eu des remords avant de la kidnapper. Innocent, on vous dit.

Il s'accroupit, positionnant avec délicatesse -car il était capable d'en faire preuve, parfois, rarement- les deux ultimes pierres. Il releva la tête vers Daim, l'air interrogateur, et lui répondit le plus sincèrement du monde.

« J'y ai même pas réfléchi. D'après c'que je sais, il vaut mieux éviter de tenter de justifier à l'avance tous les trucs louches que tu vas faire. T'improvises que si tu te fais chopper. En tout cas, c'est comme ça que je fais : moins t'attires leur attention, mieux c'est. Mais après, ouais, on aurait pu justifier comme ça. »

Et pendant qu'il parlait, il faisait le constat que pour l'instant, Daim passait pour un type particulièrement intelligent. Peut-être qu'Amo avait sa réponse. Peut-être pas.

Haussant les épaules, comme pour mettre fin à ses délibérations intérieures, il se mit sur la pointe des pieds -mais comme il était toujours accroupi, cela ne fut pas d'un grand intérêt- et jeta un regard vers le groupe. Hm. Il ne les voyait plus. Tant pis ?

Tant pis.

Il sortit de nouveau le briquet, et, le pointant vers le tas, il s'arrêta subitement, marmonnant que décidément, il n'était pas en grande forme intellectuelle aujourd'hui.

« Il manque du bois. »

Parce que là, concrètement, il s'apprêtait à mettre le feu à des écorces. Ou peut-être était-ce une étape ? Il leva la tête vers Daim, un mélange de perplexité et de « only god can judge me » dans le regard.





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Jeu 28 Fév - 12:31

c'est vraiment une belle journée. Daim s'y attendait, après tout, ils sont dans la forêt et peuvent enfin profiter des astrales, mais il ne s'attendait pas à tomber sur quelqu'un à qui il peut transmettre ce qu'il lui a lui même appris il y a des années. il a des envies soudaines de tout lui apprendre et de tout lui expliquer, de comment on peut piéger les écureuils grâce à leur paresse et leur comportement facile à prévoir. une fois le feu allumé, on peut les dépecer soigneusement et les faire griller si on n'a pas le temps, ou alors émincer la viande et attendrir les tendons pour en faire un ragoût délicieux. comme ils ne consomment presque que des fruits à coque, la viande a un goût très particulier dont Daim raffole, pour leur qualité gastronomique, mais aussi car ce goût lui rappelle toutes ces nuits passées avec son oncle dans des huttes construites de leurs propres mains, à cuisiner ce genre de plats. si l'on choisit bien l'essence du bois, on peut même influer un peu sur le goût de la viande...

il se perd un peu, entre ses pensées et ses souvenirs, et oublie de réfléchir à la suite. ses yeux sont posés sur Amo, qui récupère les pierres et les arrange délicatement, mais son esprit ne pense qu'à ces nuits glacées dans la forêt et ces journées sous la pluie à essayer de traquer un cerf malgré la boue qui mélange et efface l'empreinte de ses sabots.

s'ils étaient seuls dans la forêt, ça ne fait pas un pli, il aurait le dessus. il se sent un peu responsable, d'une certaine manière, comme n'importe qui qui se retrouve avec quelqu'un et qui est le seul à savoir comment répondre aux différents besoins de nourriture, d'abri et de chaleur. sauf que non, ils sont en sortie scolaire, calme toi un peu, mon gars, donc il écoute et prend note des conseils de son complice qui ne manque visiblement pas d'astuce quand il s'agit de ne pas se faire prendre en train de faire des conneries. entre ces précieuses indications et sa nostalgie, il pourrait rester des heures devant ce vieux terrier réaménagé en foyer, confortablement accroupi, ses pieds à plat sur le sol, une astuce qui vient d'on ne sait trop où permettant de rester des heures sans bouger, mais qui lui permet aussi de se relever immédiatement lorsqu'il comprend que c'est bien joli, la mélancolie, mais qu'ils sont loin d'avoir fini ce qu'ils veulent, et Amo lui fait comprendre de manière très pragmatique. Il manque du bois.

* heu, oui, pardon, je... pensais.

quelques branches mortes repérées plus tôt font l'affaire, minutieusement disposées autour des morceaux d'écorces.

* bon, de toute façon, on va pas faire un brasier du feu de dieu, c'est juste histoire que ça prenne. il laisse à son camarade l'honneur d'allumer le feu et il change de position pour se mettre à genoux et se rapprocher du sol. une fois qu'il y a les premières étincelles, il faut souffler très doucement pour que le feu prenne sans l'éteindre. faut surtout être patient. ensuite, si tu veux que le feu brûle longtemps, tu le construit comme j'ai fait, en carré autour du petit bois. si tu veux juste cuisiner quelque chose, il faut disposer le bois en tipi.

une fois que l'écorce se consume en braises ardentes et que des petites flammes embrasent les branches disposées autour, Daim recule et observe les alentours.

* on m'a aussi appris à faire partir un feu avec une cartouche, si tout est trempé autour de toi, mais...

maintenant qu'il a fini de faire son petit topo, il se rappelle qu'ils n'étaient pas seuls et qu'ils sont en fait en train de risquer très gros. il aimerait bien rester là, réchauffé par la faible chaleur du feu qu'ils viennent de construire eux même et de se laisser porter par les odeurs et les sons de la forêt sauf que lorsqu'il tend l'oreille, il n'entend plus les monologues insupportables sur le cycle de reproduction du lierre, ni les trépignements bruyants sur le sol de la forêt. juste quelques oiseaux solitaires qui appellent les leurs de temps en temps et le craquement de branches tout autour. où sont passé les autres ? est-ce que ce sont eux qui vont trouver les autres avant ou l'inverse ?

dans ce genre de cas, il est obligé de jeter un regard inquiet à Amo, comptant surtout sur lui et sa capacité à éviter la majorité des emmerdes pour se sortir de cette situation, essayant vainement de cacher son embarras derrière un sourire.

* on est dans la merde, tu crois pas ? j'sais pas toi, j'ai assez d'heures de retenue comme ça.


bon jsuis parti du principe qu'amo allume le feu (il suffira d'une étincelle mdr)
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Mer 6 Mar - 15:47

Amo s'étonna que Daim s'excuse. Il ne lui avait pourtant pas reproché quoi que ce soit. Il fronça les sourcils, mi-perplexe, mi-hautain.
Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les gens polis -quoique, des fois, il les trouvait franchement chiants à ne jamais vouloir entrer dans le vif du sujet, toujours là à faire des manières-, mais il ne comprenait vraiment pas pas les gens qui étaient polis quand ça n'était même pas obligé. D'après lui, ça faisait un peu victime, style « oh s'il vous plaît marchez moi sur la gueule ».
Il ne fallait pas trop lui en vouloir pour ça: Amo avait été un gentil garçon, autrefois. Et dans le fond, il l'était sans doute toujours, mais avec des gros mots plein la bouche.

D'une étincelle, il alluma leur « feu de joie », puis, sur les conseils de Daim, souffla sur la flamme : doucement d'abord, puis avec assurance. Il n'avait pas l'air plus attentif que ça, fasciné par la rapide combustion de l'écorce, mais en réalité, il ne perdait pas une miette de ce que lui disait le brun. Il l'avait définitivement rangé dans la catégorie des gens bizarres mais intéressants, et il avait un ton qu'Amo aimait bien, le ton qu'on les gens qui connaissent leur sujet. Le genre de façon de parler qui lui donnait envie d'apprendre pour essayer de refaire l'expérience tout seul, un peu comme son prof de physique-chimie de quatrième, qui avait réalisé l'exploit de faire taire Amo pendant tous ses cours.

Le blond, une fois qu'une des flammes lui ait léché le nez, gourmande, se redressa et détourna brièvement le regard, gêné par la situation. Deux mecs, le cul en l'air, en train de souffler sur une même flamme. C'était quoi ça, au juste ?

Daim ne lui laissa pas le temps de répondre, lui expliquant une autre façon d'allumer un feu. Une cartouche ? Ok, le gars est chelou. Amo préféra ne pas demander de précisions ; il n'était vraiment pas sûr d'avoir envie d'apprendre dans quelle situation Daim s'était retrouvé à allumer du feu avec des cartouches. Sûrement le jour où il a brûlé toute sa famille lors d'une innocente balade en forêt après les avoir descendus un par un avec un vieux revolver tout pété, lui glissa une voix sournoise à l'oreille.
Amo décida courageusement d'ignorer ce macabre fantasme, issu encore une fois du cinéma américain, univers fantastique où les flash-backs sont en noir et blanc et où l'on se rend compte à la fin que le meurtrier est le héros lui-même.

Alors il restèrent là, accroupis dans terre et les feuilles, à regarder les quelques flammes danser devant leurs yeux. Amo, le regard fixe, ne pensait pas à grand-chose, profitant du temps qui paraissait suspendu au dessus d'eux ; la nature était bruyante, mais ne parlait pas comme les profs. Elle ne ricanait pas comme les lycéens. Elle ne hurlait pas comme la ville. Elle était tranquille, comme Daim.
Et Amo appréciait ça, lui qui n'était jamais tranquille, lui qui triturait nerveusement un bout de bois comme s'il s'agissait de son pire ennemi, ou juste d'un type énervant qui l'aurait bien mérité, parce qu'Amo ne savait pas doser : il l'étranglait, le tordait, le brisait, l'utilisait pour dessiner dans la terre. Il fallait qu'il occupe ses mains, qu'il détruise. Détruire, tu n'es bon qu'à ça, lui avait dit sa mère, un jour. C'est vrai maman. Je ne sais faire que ça.

Daim reprit la parole. Comme à chaque fois qu'il parlait, on avait l'impression qu'il était un très gros monsieur aux doigts boudinés qui tentait de saisir précautionneusement de tout petits objets, très fragiles ; sa voix était le gros monsieur, et les petits objets étaient les mots.

Amo brisa définitivement le petit bâton. Repenser à toutes les corvées qu'il avait déjà effectuées l'énervait. Savoir que les agents de la cantine le connaissaient déjà et lui tendaient tout naturellement la serpillière quand il venait les voir l'énervait. Il leur aurait bien fait bouffer, leur serpillière.
Et entendre Daim s'inquiéter l'énervait. S'il flippait, il n'avait qu'à réfléchir avant de faire des trucs répréhensibles, non ?
Daim repassa dans la catégorie des abrutis. Et de façon peu étonnante, cela énerva Amo.

Un cri se fit entendre.
Et ce cri était vachement précis et vachement fort et vachement proche et vachement humain. À vrai dire, le cri disait même son nom de famille, et visiblement celui de Daim.

« Barzoï ! Heisenburg ! »

Visiblement, les profs n'étaient pas tout seuls à gueuler leurs noms comme des cons, les élèves s'y étaient mis aussi. Fait chier.

C'était un contretemps certain, qui permit à Amo d'exorciser un peu de sa colère tout en dispensant sa sagesse populaire de cancre, le tout d'un ton qui se voulait tranquille.

« Putain, mec ! Faut pas parler des embrouilles, ça les fait rappliquer aussi sec. »

Il se leva, trop rapidement sans doute pour qu'on ne se rende pas compte que son flegme apparent n'était qu'une couverture. Il cala son briquet entre son t-shirt et sa peau, là où aucun prof n'était autorisé à chercher sous peine de se faire accuser d'avoir des gestes très déplacés, et il lança un regard à Daim, qui ne demandait pas « qu'est-ce-qu'on fait », mais qui disait « voilà ce qu'on fait maintenant ». Et il se mit à balancer de la terre sur le feu, puisque c'était la chose la plus conne et la plus logique à la fois qui lui vint à l'esprit.

« Après, commença-t-il, sentant l'adrénaline monter en lui, soit on s'barre dans des directions opposées, soit on fait genre il s'est rien passé on s'est perdus. Tu préfères quoi ? »




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Lun 11 Mar - 15:33

ça y est, c'est officiel, ça vient de sortir, ils sont dans la merde. enfin, ils le savent depuis qu'ils ont mis un pied hors du sentier que le reste du groupe a décidé de suivre, mais c'est seulement une fois qu'ils sont vraiment menacés par une sanction sévère que Daim le ressent. automatiquement, il panique, et quand il panique il s'énerve et devient en même temps particulièrement émotif.

entendre leurs deux noms, criés entre les arbres et rebondir sur l'écorce, ça le fait réagir au quart de tour, il sent que son cœur apaisé, enfin heureux dans son élément bondit à nouveau entre ses côtes et s'empresse de se tordre pour alimenter chacun de ses muscles et assurer sa fuite. il a juste envie de bondir et de partir s'enfoncer très loin dans la montagne. de sauter dans un torrent pour être sûr que même un chien ne puisse le suivre à la trace, de semer des fausses pistes en arrachant l'écorce et les buissons dans la mauvaise direction. il reste assis et s'imagine faire toutes ces actions, les envisager une à une et peser le pour et le contre de chaque stratégie. quand on sait pister quelque chose, après tout, ce n'est pas bien compliqué de comprendre comment ne pas l'être soi même.

il est encore assis, là, et pourtant sa cage thoracique se soulève de plus en plus vite. les hormones que son cerveau envoie à travers son corps commencent d'agir, de lui crier de fuir ou de se battre, et entendre Amo lui parler comme il le fait n'aide vraiment pas. au contraire, il bondit sur ses jambes, les poings serrés et se ravise avant de tenter quoi que ce soit, son esprit tentant de le ramener à la raison en lui hurlant que ça ne réglera pas les problèmes de frapper son compagnon d'infortune, et qu'il aura bien le temps de lui régler son compte plus tard au pensionnat s'il juge que c'est toujours nécessaire.

* tu sais, c'est pas en ignorant les problèmes qu'ils n'existent pas, t'es con ou t'es con ?

il ne dose vraiment pas les insultes, à cet instant, et balance juste ce qu'il pense sans rien filtrer mais pas assez stupide pour lui fournir tout une explication sur pourquoi il est persuadé qu'il vaut mieux anticiper les problèmes contrairement à son attitude, pour savoir réagir quand ils arrivent. quand on chasse un cerf au fond des bois, évidemment qu'on parle du fait qu'un ours pourrait vouloir voler la prise et bien sûr qu'on discute de ce qu'il faut faire si l'ours se ramène, même si les bêtes assez affamées pour se montrer devant plusieurs humains sont rares.

les yeux rivés sur le feu recouvert en partie de terre. quelques coup de pieds hâtifs scellent son destin. de toute façon, vu les averses d'été fréquentes dans cet endroit et la taille du feu, ça ne risque rien, tout du moins il essaye de se rassurer.

observer Amo cacher son briquet le force à admettre que c'est probablement la meilleure solution pour cacher quelque chose. il n'a pas envie que l'autre le voit mais il attrape son couteau enfoncé au fond de sa poche dans un trou dans la doublure, dur à détecter avec un simple regard mais impossible à louper au toucher, et le cache de la même façon, un plus serein. à peine plus calme, en vrai. son pouls continue de s'emballer et il a envie de continuer d'engueuler Amo lorsqu'il lui propose de choisir comment ils vont s'en sortir dans cette affaire car vraiment, pourquoi tu lui demandes ça ? mais par peur de s'en manger une bonne et de déclencher une bagarre qui empirerait les choses et la situation déjà merdique dans laquelle ils sont, il se contient et répond juste comme il peut, n'ayant vraiment aucune expérience en terme de conneries en milieu scolaire.

tout ce qu'il sait, c'est qu'il ne faut pas partir en courant devant un prédateur. même une meute de loups recule devant un être seul mais qui tient bon.

* se barrer en courant, c'est admettre qu'on a fait des conneries, non ? et deux élèves qui disparaissent en même temps mais sont retrouvés à deux endroits différents c'est une belle coïncidence. vaut mieux qu'on joue les paumés. on est deux pauvres jeunes citadins qui n'ont pas le sens de l'orientation, quelle tragédie, on était bien tristes d'avoir perdu le putain de sentier. ... enfin perso j'la jouerais plus comme ça qu'essayer de se casser, ça apporterait rien.

avant d’exécuter le plan, il préfère avoir l'accord de celui qui a le plus d'expérience entre les deux. c'est logique, il est peut être un peu con sur certains aspects, mais tant que le con en sait plus, t'as pas d'autres choix que de le laisser parler, et le cancre expérimenté, dans l'affaire, c'est Amo. c'est certainement pas le dernier des imbéciles, Daim, mais il n'a jamais vraiment su éviter les sanctions imposées. et là, il a sacrément envie de s'en sortir. vous imaginez s'ils appellent son oncle ou pire, sa grand mère ? comment il va leur justifier qu'il se barre dans la forêt allumer des feux avec un camarade à la moindre occasion ?

nan, il faut s'en sortir, de ce bourbier à la con. ça peut paraître un peu hypocrite mais Daim jette à nouveau un regard qui demande de l'aide car il se sait hors de son domaine d'expertise et a vraiment besoin d'un miracle, là tout de suite.


voilà j'espère qu'il y a assez de matière pour répondre en fait et désolé pour le retard.......et daim qui insulte amo mdr rip j'espère ça va pas finir en baston dans les bois
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Dim 17 Mar - 22:10

À cet instant précis, Amo portait un regard très particulier sur Daim : un regard un peu méprisant, mêlé d'amusement et d'agacement à la fois. Comme si Daim était un gosse qui venait encore d'être pris en faute, comme s'il était un chiot qui venait de faire une connerie. Sans forcément y réfléchir, Amo portait sur Daim le regard qu'avaient porté sur lui la plupart de ses enseignants, auquel il ajoutait une certaine dose de vulgarité. C'est quoi cette tapette ? Le mec, il parle d'allumer des feux avec des cartouches, mais il se pisse dessus à l'idée de se faire engueuler ?

Il l'écouta soliloquer pendant une longue minute, réprimant un sourire narquois : comment un type qui avait visiblement autant de mal avec l'expression orale qu'avec le respect des règles et qui tremblait à l'idée de se faire surprendre pouvait prendre son temps comme ça pour lui expliquer point par point pourquoi se barrer en courant était une mauvaise idée ? Surtout que bon, visiblement, il ne s'était jamais barré en courant à l'approche d'un danger. Amo, oui. Et il savait bien que même s'il y avait des chances pour que ça augmente les suspicions à leur égard, au bout d'un certain temps de recherche, les profs seraient trop paniqués pour penser à leur poser des questions après les avoir retrouvés. Et puis comme Amo était tout le temps catalogué comme fouteur de merde débile et que Daim devait être le débile de base, l'idiot du village, personne ne s'étonnerait de les entendre dire qu'ils s'étaient perdus, tout le monde serait content de les avoir récupérés vivants, et tout rentrerait dans l'ordre.

Mais non, il avait fallu que Barzoï fasse sa mauvaise tronche, et qu'Amo se sente obligé de l'écouter ; lorsqu'il se rendit compte du temps que ça lui avait fait perdre, il regretta ce semblant de politesse. Maintenant, c'était clair qu'il ne pouvait pas se barrer, avec les autres qui allaient débarquer d'un instant à l'autre. Putain, ça me saoule.

Amo, d'un coup de pied rageur, fit voler un innocent caillou, qui n'avait strictement rien demandé à personne. Mieux valait ça que hurler à l'autre con que s'il ne flippait pas comme une fillette, ils seraient en meilleure posture ; ou en tout cas, Amo, lui, serait déjà loin. Et il valait mieux exorciser sa colère sur un roc insensible à la douleur que sur un mec qui, certes, devait ressentir la douleur, mais qui risquait surtout d'en faire ressentir à Amo.

Il sentit le regard de l'autre posé sur lui ; grand seigneur, trop grand seigneur sûrement, orgueilleux même, il fit semblant de ne pas le voir. Alors qu'il entendait les pas des autres se rapprocher dangereusement -à cause de l'écho dû aux arbres et du bruit constant des feuilles dans les arbres, les situer précisément était une tâche complexe-, il hésitait entre mettre tardivement son plan à exécution, qui risquait de bien moins marcher si Daim n'était pas dans la combine, ou bien de faire face et voir ce qui arriverait.

Et l'autre qui continuait à le regarder comme un merlan frit... Amo sentait la colère qui revient vitesse grand V dans son corps, dans son cœur ; il avait envie de lui hurler dessus, de lui dire « MAIS PUTAIN SI JE SUIS SI CON QUE ÇA CASSE-TOI ! »

Putain. Ça avait bien commencé. C'était toujours cette pensée amère qui brisait ses rares moments de quiétude ; barre de fer apposée brutalement sur ses ailes d'Icare, lui qui voulait tant atteindre le soleil.

Amo, toujours plongé dans son dilemme, sursauta quand il entendit la voix franchement pas contente du tout d'un de leurs professeurs. Peut-être que ça n'était pas lui que Barzoï regardait fixement, finalement.

« Heisenburg ! Barzoï ! Qu'est-ce-que c'est que ce bordel ? »

Juste. Derrière. Lui.
Il se retourna lentement, comme si la rapidité aurait pu faire exploser le professeur, ou bien la planète entière. Et puis, franchement, il cherchait toujours comment s'en sortir. Maintenant qu'ils étaient retrouvés, la vraie course commençait, la course du « je te mène par le bout du nez et hop là jte trace dans la poussière, n'essaie pas de me suivre ».

Silence surpris, pour une fois Amo avait abandonné sa mauvaise tête, enfin sa tête habituelle ; il n'était plus qu'un jeune garçon surpris, yeux écarquillés, bras ballants, qui paraissait trop égaré pour quelqu'un qu'on venait de retrouver, pour quelqu'un qui ne s'était pas vraiment perdu, pour quelqu'un qui a toujours eu le pas assuré et la voix qui va avec.

« Oh ! Vous… étiez... là. »

Hop là, quelques mots hésitants, et c'était reparti. Amo était revenu, regard perçant, épaules voûtées, vocabulaire simple, presque ordurier, mots trébuchants dans sa bouche dont les dents semblaient être des couteaux.

« C'est nice, la sécurité ici. On vous cherche depuis t'à l'heure ! Pourquoi vous êtes partis sans nous ? »

Amo, il parlait pas bien, et il n'était pas convaincant en général. Mais là, son air authentiquement énervé collait à ses paroles : il ressemblait parfaitement à un sale gosse de bourges qui n'en a rien à faire de la discipline, mais qui fera scrupuleusement remonter toute erreur de l'autorité à ses parents, style Drago Malfoy.

« Putain, ça m'casse les couilles, on nous fait la morale et on est même pas foutu de surveiller deux gosses... »

Profitant de l'état de sidération produit sur le professeur, il remonta sur le talus, pestant contre la terre qui colorait désormais le bas de son jean, et, instinctivement, lança un mouvement du menton à Daim, lui faisant signe de le rejoindre. C'était un abruti, c'était sûr, doublé d'une flipette. Mais bon. Ça se faisait pas de le laisser dans la mouise.




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Dim 24 Mar - 14:37

tonton disait toujours que pour ne pas avoir d'emmerdes, il suffit de ne pas se faire toper. ça semble simple, comme ça, non ? mais les problèmes que Daim avait eu à faire face n'étaient jamais compliqués. un garde forestier qui vient contrôler leurs permis de chasse ? qui vient vérifier quel genre de gibier ils chassent ? il suffisait de se disperser et de partir se fondre dans la masse végétale avant de se retrouver plus tard à un point de rencontre déjà décidé avant même de partir. une mauvaise note ? file dans les bois, ravale ta rage et tes sanglots et rentre un peu plus tard à la maison. les sourires méprisants des autres lycéens ? quand on ne voit pas un problème on peut se convaincre qu'il n'existe peut être pas.

mais dans ce pensionnat, le jeune homme n'a plus aucune solution, on lui a retiré tous ses moyens en le forçant à rester entre quatre murs, à ne jamais s'éloigner de la clôture, en le disant qu'il n'a pas le choix et qu'il va bien devoir cohabiter avec tout ces sourires hostiles à peine dissimulés et ces remarques chuchotées alors qu'il peut encore très bien les entendre. ça le panique, tout ça. l'énième heure de colle, les copies recouvertes de rouge, les moqueries plus si subtiles, les cris des professeurs et des autres étudiants qui se rapprochent.

la peur le fige, lui retire toutes ses capacités et surtout le prive de réflexion, alors il ne peut qu'attendre,
impuissant.

Amo n'a pas l'air ravi mais que peut-il faire à part le regarder, attendre qu'il trouve la solution ? le plus vieux sait ce qu'il y a derrière ce regard, combien de fois l'a-t-il vu dans les yeux de son oncle avant de mordre la poussière ? il ne bronche pas, il ne l'a jamais fait. il fixe simplement, comme lorsque l'on croise le chemin d'un ours et que l'on espère qu'il s'en ira sans aucun incident. avec un peu de chance, le problème se résoudra tout seul et s'en ira très loin, non ? ... c'est plus sage de faire confiance à son camarade lorsque ce sont ses seules pensées.

il est presque trop concentré pour remarquer la forme qui s'approche derrière mais comme n'importe quel prédateur, ses yeux sont obligés de se tourner vers l'inconnu, vers ce mystère qui fait remuer les branches sur son chemin. vite, trop pour qu'il puisse dire quoi que ce soit. et qu'est-ce qu'il pourrait raconter, de toute façon ? les bons conseils de tonton ne servent pas à grand chose ici.

il ne comprend pas.

il ne comprend pas pourquoi il s'énerve ?

pourquoi est-ce qu'il se met à gronder le pro... ah.

c'est ça la stratégie secrète ? c'est ça, le moyen de s'en sortir ? faire semblant de s'énerver et jouer la victime ? il faut admettre que... que ça a l'air de marcher ? Daim jette des regards sur Amo puis sur le professeur, qui semble étonné d'être celui qui se fait gronder dans cette situation. il regardait le jeune en train de lui reprocher sa négligence comme si c'était la chose la plus naturelle du monde sans rien dire. Daim est impressionné, évidemment, il n'avait jamais cru que l'on puisse retourner quelqu'un comme ça, mais qu'est-ce qu'il peut bien faire dans cette situation ? figé, il ne s'active que lorsqu'un geste dirigé directement vers lui l'interpelle et il se rapproche sans réfléchir.

son oncle dit toujours que dans une situation compliquée, il faut suivre celui qui sait et exécuter à la lettre ses indications en fermant bien sa gueule.

mais est-ce qu'Amo sait vraiment ? il est plus jeune, non, a-t-il vraiment assez d'expérience pour lui faire entièrement confiance ? Daim ne se sent pas prêt à risquer toutes les prochaines occasions de sortir simplement pour ne pas le froisser alors il s'approche comme demandé mais pose sa main sur son épaule, sans même y avoir réfléchit pleinement. les mots s'échappent de ses lèvres avant même qu'il ai pu se demander s'il ne devait pas faire attention, mais ça l'inquiète, que son complice fasse autant de reproches au professeur, ça pourrait très bien le mettre de mauvaise humeur et aggraver leur situation, non ?

* ... calme toi... se rappelant qu'ils sont censés êtres deux pauvres paumés, il continue. c'est bon, pas la peine de s'énerver, maintenant qu'on les a retrouvé.

évidemment, le sermon ne tarde pas à arriver, tout le temps qu'ils faut aux trois pour retrouver le sentier et le reste du groupe, une longue tirade sur à quel point il faut faire attention et des menaces leur disant que la prochaine fois qu'ils s'éloignent ou se perdent, on ne les laissera plus faire de sorties.

... c'est tout ?


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Dim 31 Mar - 1:28

Amo, pendant quelques instants, sembla oublier son rôle de mauvais garçon, son rôle de personnage tertiaire, anecdotique dans la vie du héros et qu'on ne connaît qu'avec une mine contrariée, et il sourit de toutes ses dents pointues. Bouche tordue en une risette de brigand, doigts abîmés qui s'étiraient et se repliaient en un éventail de violence contenue, il ressemblait au joueur de poker confiant qui venait de remporter la mise, et qui attendait de voir quel était le mauvais perdant qui allait vouloir lui casser la gueule.

Mais ça ne dura pas ; ça ne durait jamais.

Déjà Barzoï était derrière lui, main sur son épaule, mine inquiète : ce type ne savait-il donc jamais arborer la bonne expression faciale ?

Amo détourna le regard pour le poser sur le professeur : c'était ça, ou bien il repoussait le brun et partait rejoindre le groupe, rageur. Pourquoi n'était-il jamais content, jamais satisfait, jamais tranquille ? C'était quoi son problème ? Et, tandis qu'il pensait cela, il n'imagina pas un seul instant que c'était la vision que les autres pouvaient avoir de lui.

Le prof leur fit la morale habituelle, « il ne faut pas s'éloigner du groupe et gnagnagna chiant ». Amo l'emmerdait déjà mentalement, lui et son discours herbicide : encore un qui voulait que les mauvaises graines, ces fleurs dissidentes qui avaient percé le béton des banlieues, meurent sur pied sans avoir le temps de fleurir.

« Ouais ouais »,  lâcha-t-il presque innocemment, notant toutefois que le prof les avait menacés de ne plus sortir du domaine. Oui, Amo avait relevé cette information car, bien qu'il n'était très clairement pas fait pour vivre en nature et qu'il avait appris en une journée près de la moitié de son capital survie, Amo ne perdait pas tout à fait de vue son objectif : se tirer. Ou plutôt, voir comment les choses évoluaient tout en en sachant qu'il pourrait se barrer si jamais. Amo avait beau être un sacré connard impulsif -car il est important de dire ce qui est-, il savait tout de même qu'un typeavec un plan de secours valait toujours mieux qu'un type mort. Ou, dans son cas, mort d'ennui et enfermé aux Astrales. Éviter de faire le con de nouveau pendant cette sortie, bien reçu.

La voix traînante, alourdie par l'ennui, il tenta de rassurer son camarade.

« Eh, ça va, détends-toi un peu Barzoï. C'est une victime ce type. J'ai rien contre lui, mais c'pas mon problème s'il se fait marcher dessus par n'importe qui », et il rit en se qualifiant lui-même de n'importe qui, comme s'il savait lui-même qu'il n'était pas tout à fait celui qu'il disait être, qu'il n'était exactement pas ce cliché ambulant qu'il s'amusait à jouer.

Amo donna de nouveau un coup de pied dans un caillou ; cette fois-ci, ça n'était pas par énervement, mais par ennui. Il hésitait entre planter Daim en plein milieu du chemin et continuer à lui parler ; le souvenir de sa relative solitude de ces quelques semaines passées aux Astrales le poussèrent à rester.

« Dis-moi, Daim… T'as pas l'air de tenir en place. T'as déjà réussi à sortir du domaine avant cette super sortie pas du tout fliquée ? » demanda-t-il à voix basse, tout en lançant un regard mauvais à Super Laborantin (le retour !) qui, en élève parfait, n'avait pas quitté le groupe et avait tranquillement continué à écrire de stupides observations dans son stupide carnet.


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Mar 16 Avr - 20:07

Daim ne sait pas bluffer, pas quand il s'agit d'hommes.

il sait tromper les habitants de la forêt, imiter leur cri pour les attirer à lui, il sait deviner les tromperies et les stratagèmes des ours, comprend qu'ils sont revenus sur leurs pas en marchant dans leurs propres empreintes pour brouiller les pistes. un cerf touché aura beau se faire discret et tenter de se dissimuler entre les branchages, un seul coup d’œil au sang qui tâche le sol lui permet de savoir quelle partie a été touchée et dans combien de temps il s'effondrera.

tout ça, il l'a su si tôt, il a du le pratiquer tant de fois qu'il n'a parfois même plus besoin d'y réfléchir, comme une seconde langue devenue familière au fil des ans. sans rien demander à personne, ses yeux se posent sur les troncs environnants et l'informent :

un écureuil doit se nicher quelque part ici,
si tu grimpes au sommet de ce pin, tu auras quelques œufs en récompense,
en s'approchant du cours d'eau qui semble gargouiller quelque part plus loin, tu tomberas forcément sur d'autre signes de vie,

puis ses yeux reviennent à la tâche actuelle, au professeur exaspéré, à Amo et ses traits déformés par une émotion qu'il n'identifie pas bien. malgré des efforts conscients, rien ne vient. toujours aussi perdu et impuissant, aucune idée de ce qu'il est censé faire ou dire, alors il reste derrière la silhouette de son camarade, lui fait confiance aveuglément. s'il n'était pas si solidement planté sur ses deux jambes, il aurait du s’agripper à quelque chose en entendant la menace de ne plus pouvoir sortir du domaine. ... rester enfermé derrière ces murs... si prêt de la nature et pourtant incapable de la toucher ou de s'en approcher de quelque manière que ce soit.

le compromis actuel était déjà douloureux, mais les paroles des adultes portaient de lourdes menaces,
le supplice de Tantale.

Daim n'a jamais entendu parler des mythes grecs et le nom même du damné ne lui évoque rien, mais des visions emplissent sa tête, celle d'un tigre qui tourne en rond dans sa cage, d'un fauve qui se laisse dépérir derrière les barreaux malgré tout les soins qu'on peut lui prodiguer, espérant simplement la liberté. toute la compassion de son tuteur et les amitiés nouvelles nouées au pensionnat ne peuvent qu'étouffer temporairement l'appel de la nature, comment pourrait-il sortir sain d'esprit si on le prive de ce qui l'anime ?
les mots d'Amo sonnent creux, lorsque de telles images tordent ses tripes dans tous les sens.

cette angoisse nouvelle, il ne sait pas comment la gérer. il ne la comprend même pas. il connait la peur qui surgit lorsque l'on se sait traqué par un prédateur, mais cette inquiétude, celle de perdre ce que l'on aime, elle ne s'était jamais installée au fond de son bide avant. il encaisse comme il peut,
c'est à dire mal.

heureusement, Amo semble ne pas être si exaspéré par son camarade peureux car il reste à ses côtés et reprend la conversation. Daim accepte immédiatement la distraction sans relever l'ironie.

* au début, je n'essayais même pas, mais je me faisais engueuler par les surveillants dès que je m'approchais un peu trop près des murs en faisant mon jogging le matin... mais il ne peut pas faire croire qu'il n'a jamais réfléchi à comment s'échapper de cette cage, même quelques instants. c'est bien surveillé mais... j'ai déjà repéré certains endroits où il n'y a pas de murs, mais je n'ai jamais pu m'approcher beaucoup avant qu'un adulte débarque.

les mains enfoncées dans les poches, il suit à contre cœur le reste du groupe, jetant des regards par dessus son épaule au moindre bruit, à chaque brindille brisée par un petit rongeur et à chaque fois qu'un oiseau siffle une note. c'est risqué, de vouloir partir explorer, mais c'est tentant, de retrouver ce monde qui lui manque tant, alors il se creuse volontiers la tête pour répondre à Amo et essayer de régler ses propres problèmes.

* je ne sais pas s'il y a un système de sécurité, les murs n'entourent même pas tout... tu as déjà essayé, toi ?


Amo Heisenburg
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Sam 27 Avr - 15:31

Les deux jeunes hommes marchaient côte à côte, traînant leur soif de liberté comme un boulet. Bagnards des temps modernes, ils étaient rentrés dans le rang ; mais combien de temps passerait-il avant qu'ils n'essaient de nouveau de s'échapper, de façon plus sérieuse cette fois-ci ?

Ils avançaient avec l'ignorance feinte des rideaux de théâtre, dont tout le monde sait qu'ils cachent quelque chose, mais qui restent tout de même impénétrables au regard humain ; il faudrait au moins les écarter, les ouvrir en deux, pour les faire parler.

Alors… alors comme ça, Daim y avait pensé. Amo se félicita d'avoir poursuivi la conversation, s'interrogeant toujours sur la nature de Daim : qui était-il vraiment ? Un flipette, certes, c'était évident ; mais quoi d'autre ?

« Ils sont vraiment à l'affût, les bâtards… c'est à se demander c'qu'ils foutent de leurs journées, sérieux », siffla Amo entre ses dents. Sans doute, si le coup devait se tenter, il se tenterait de nuit, quand les corps seront fatigués, l'attention relâchée, la lumière morte ; ou bien, ou bien…

Amo se perdait dans ses pensées, tandis que le groupe se perdait sagement dans la forêt, oui, sagement, car on ne se perdait jamais vraiment avec les enseignants : on folâtrait, on faisait mine de, mais l'on suivait toujours un chemin prédéfini ; c'était ça, d'après Amo, être un adulte responsable de jeunes. Faire semblant de lâcher une bride, pour mieux vous emmener là où vous ne vouliez pas forcément aller. Ça s'appelait aussi l'entubage, mais c'était moins joli.

Du coin de l’œil, il entrapercevait Daim jeter des regards derrière lui, Petit Poucet semant des œillades incertaines ; stressé, le malabar ?

Amo secoua négativement la tête : il n'avait rien tenté. Rien du tout.
Que de la gueule. Dans le fond, ça devait bien l'arranger d'être logé et nourri, loin de ses parents : mais le reconnaître ? Plutôt crever.

« Nope. »

Mais il lui sembla qu'il devait se justifier, justifier sa lâcheté, justifier ses questions de voyeur qui n'agissait pas.

« J'avoue que pour l'instant, quand j'suis pas en cours, je pionce. Ça m'évite d'avoir à supporter -et il fit un geste pour désigner et maudire les profs, les élèves, le monde entier et l'univers- tout ça. Et puis mes colocs, ils ont l'air teubés, j'te raconte pas. Au moins, plus je dors, moins j'les vois. »

Mais qui croyait-il berner ? Il n'avait rien tenté d'important : comme d'habitude, il avait causé quelques soucis, vite sanctionnés par l'administration. Il faisait des remous dans le pédiluve, lui qui, intimement, se savait destiné à faire des vagues dans le grand bain.

« N'empêche, s'ils débarquent aussi vite que tu le dis -et il s'interrompit pour réfléchir- il faudrait juste distraire leur attention avant de tenter quoi que ce soit. Genre pendant une alarme incendie, ou un truc du style, ils seront sûrement pas en train de checker si tout l'monde est bien dans sa chambre. »




wallah désolée pour le délai hm ;;
tu connais les bails, viens m'ennuyer pv et te presse pas pour répondre
(parenthèse cinématographique qui n'a presque rien à voir : Le Grand Bain, c'est cool, je recommande)
sur ce je retourne à mes devoirs ma lecture why are you running, why are you running ft. ti amo 5434718
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Jeu 2 Mai - 15:50

les animaux se taisent, petit à petit, depuis que les deux jeunes se sont rapprochés du groupe. les chants des oiseaux sont plus lointains, et les branchages bruissent moins qu'à ce moment où ils essayaient de faire du feu, hors du sentier. peut être car ils se rapprochent du pensionnat, oui, mais Daim fini par comprendre, dans le silence qui entrecoupe les phrases d'Amo,
ils font un boucan du diable.

tous. oui, tous autant qu'ils sont, ces professeurs et ces élèves bien trop sages, sans même parler d'Amo, ils font crisser les quelques cailloux qui parsèment le sentier sans même les regarder et cassent les branches au sol en y mettant tout leur poids sans s'en soucier plus que ça.
quel vacarme.

par habitude, réflexe forcé par des regards peu commodes et des poings qui ne l'étaient pas plus, Daim jette toujours un oeil sur le sol, réfléchit à où poser son pied et ne cède pas à la tentation de reposer tout le poids de son corps à chaque nouveau pas qu'il fait. ses tympans ne sont même plus habitués à entendre ce qui semble être une telle cacophonie qu'il écoute à peine les mots prononcés pour lui, trop perturbé par le fait qu'il n'arrive même plus à entendre ses propres pas, à côté de ceux de tous les autres.

ça le distrait tellement qu'il met du temps avant de se demander pourquoi son camarade cherche tant à détromper la vigilance des adultes. il comprend cette impression d'étouffer qui doit l'envahir, mais pourquoi est-ce qu'il y tient autant s'il ne semble pas habitué à être dans les bois ? et surtout... à quoi bon chercher à déjouer autant la vigilance de leurs garde-chiourmes, si c'est pour sortir seulement un instant, ne goûter qu'à une liberté éphémère interrompue brutalement par des gens qui ont sûrement beaucoup de ressources pour retrouver un adolescent fugitif ?

* une distraction, ce n'est pas une mauvaise idée... tu veux un conseil ? il se prête au jeu, un instant, avant que toutes ces questions ne lui viennent, avant qu'il ne puisse se dire qu'il se devrait pas forcément raconter tout ce qu'il sait à quelqu'un qu'il connait peu, même s'il l'apprécie. ... heu, quoique, qu'est-ce que j'en sais, au final ? je n'ai jamais vraiment essayé de tromper des humains.

quel intérêt pour Daim, après tout ? ce n'est pas ça qui l'intéresse vraiment, pour l'instant. il se souvient des indications inculquées durement par son oncle, mais doute qu'elles lui soient si utiles que ça dans son avenir, proche ou lointain.

* de toute façon, on peut échapper à leur surveillance un instant, oui, mais pour combien de temps ? ils sont pas cons, s'il n'y a pas des barbelés tout autour du domaine c'est qu'ils n'en ont pas besoin, j'crois. alors se faire courser et défoncer dans les bois puis enchaîné à son lit pour le restant de l'année, à quoi bon ? tout ça juste pour quelques heures de liberté ?

Daim n'est pas du genre à se dégonfler, mais il sait calculer les risques. avant chaque aventure risquée, il prend le temps de savoir ce qu'il y gagnera, et ce qu'il est prêt à perdre pour l'obtenir. et là... pas besoin d'être doué en maths pour savoir que c'est un pari perdant,
et de beaucoup.

il ne comprend même pas vraiment pourquoi Amo tient tant que ça à vouloir avoir ces quelques instants de tranquillité avec une punition colossale, alors il détourne ses yeux du sentier, oublie un instant tout ce bruit et regarde celui qui marche à ses côtés, pas comme on peut observer brièvement quelqu'un pour essayer de ne pas oublier son visage, non. il le regarde peut être un peu trop fixement en essayant de le déchiffrer.

* qu'est-ce que tu ferais, si tu pouvais t'éloigner du pensionnat quelques heures ?


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Sam 25 Jan - 16:39

«  Mais j'en sais rien putain, on s'en fout ! » cracha-t-il, dégoûté par cette question d'une bêtise sans nom. « C'est pas ça le problème ! » Bien sûr que ça l'était finalement, le problème, mais pas selon Amo, ou du moins pas le premier sur sa liste. Et en tant que scientifique, il suivait rigoureusement les protocoles d'expérience : une question à la fois, un pas après l'autre. Et s'il devait tomber dans un trou… Il se rattraperait aux branches, ou bien à rien du tout, mais il aurait au moins fait la première étape, sans s'inquiéter de savoir s'il pourrait faire la deuxième. Ou du moins, c'était ce qu'il prétendait, oui, il prétendait avoir mis de l'ordre dans le chaos, avoir organisé le désordre de sa vie, avoir mis de la raison dans ses passions insensées. Ça n'était pas qu'il ne réfléchissait pas, il réfléchissait progressivement ; mais y-avait-il une seule personne pour croire à cela, y croyait-il lui-même ?

Il expira bruyamment, les yeux vers le sol ; et cet éternel accusé avait presque l'air coupable, comme s'il venait d'avouer une énorme bêtise, comme s'il venait de se dévoiler ; il n'aurait su dire pourquoi.

«  Je les ferai bien chier, et ça me suffit comme prétexte, et ça me suffit tout court », dit-il finalement, avec la satisfaction de l'enfant rebelle qui s'affiche, avec la fierté du marginal incompris.
Daim et lui  avaient beau avoir éteint le petit feu de bois que leur ennui commun et quelques feuilles mortes avaient attisé, les yeux d'Amo brûlaient toujours, de cette petite lueur bravache qui pourrait bien mettre le feu au monde un de ces jours, si l'on n'y prêtait pas attention, si l'on l'oubliait. Mais c'était ça, le problème d'Amo. Il voulait s'enflammer à la vue de tous, il ne voulait pas laisser aux autres le temps de l'oublier, parce que l'oubli était un seau d'eau glacé sur sa colère, un ruisseau de larmes sur ses joues brûlantes de honte.

Ouais, il les ferait chier. Il les forcerait à le mettre à l'écart, à l'enfermer, à le punir. Il leur donnerait des raisons de le détester, de regretter sa présence. Il leur ferait regretter leur choix. Il en avait déjà marre de ce putain de camp, il voulait que le camp en ait marre de lui, il en avait marre marre marre, putain !!

Et l'autre con qui le regardait avec des yeux de merlan frit, comme si c'était Amo l'anomalie, comme si Amo était bizarre, qu'est-ce-qu'il avait, qu'est-ce-qu'il voulait ? Et soudainement Amo eut très envie de le secouer, de le frapper, de lui hurler qu'il en avait ras-le-bol d'être immobile, qu'il en avait ras-le-bol de devoir attendre et répondre à des questions sensées, qu'il en avait ras-le-bol de devoir faire sens auprès de quelqu'un d'insensé -peut-être autant que lui-, quelqu'un qui allumait des feux avec rien et qui avait peur d'un adulte prétendument responsable, quelqu'un qui n'avait pas sa place ici et qui demandait quoi, qui demandait pourquoi comme les grandes personnes et qui restait calme, trop calme, qui ne semblait pas menacer d'imploser toutes les cinq minutes, il en avait ras-le-bol de ces gens trop calmes qui lui offraient de la résistance et aucune prise pour commencer une embrouille, oh et puis zut je vais la commencer tout seul cette embrouille, tant pis si je me fais virer du groupe de toute façon je déteste cette merde.

«  Parce que toi, ça te suffit, de rester là en te disant que de toute façon ça ne peut qu'être pire si tu bouges ?! Parce que toi, ça te plaît de te faire chier à mourir dans un putain de pensionnat à la con où t'as visiblement pas ta place et où tu dois rien carrer aux cou- » et alors que sa voix, chuchotis devenu grondement, grondement devenu menace, montait des enfers -ou peut-être simplement de son cœur- jusqu'à sa bouche, jusqu'à sa gueule trop pleine de dents pour donner une vérité sans écorchures, une vérité qui ne serait pas devenue déesse vengeresse, il sentit son corps tomber vers l'avant, il sentit son corps se faire tomber lui-même, ses deux pieds s'entremêlant, comme s'ils remplaçaient sa langue qu'il aurait pourtant dû tourner sept fois dans sa bouche..



comme disait l'autre, "ah shit, here we go again"
Daim Barzoï
Daim Barzoï
Groupe C-01
Arrivée : 12/02/2019
Messages : 122
Fc : otabek (y!!!oi)
Crédits : pagure
Fiche : ça yest c officiel ça vient de sortir JE MEMMERDE ça me GAVE les cours on va lancer des fusées d'eau
Chambre : chambre 17, étage 2 avec ismael et ruby
Club : nature. il sèche une fois sur trois. en fait, il l'a juste choisi pour avoir le droit de partir dans la forêt sous la supervision d'un adulte régulièrement grâce aux activités de club mais dès que les autres membres décident de rester dans une salle pour étudier des publications ou autre chose, il se fait la malle et va squatter les clubs de sport ou de jardinage.
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Thèmes : i crawl a cracked and broken path

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Lun 27 Jan - 4:59

il encaisse bien, Daim.

tout le temps. il encaisse bien les coups, que ce soit ceux de ses camarades, envoyés pour jouer ou pour sérieusement s’amocher, ceux d'adultes peu patients qui veulent le corriger rapidement pour qu'il retienne la leçon, ou ceux plus retenus et presque affectueux de son oncle, pour le guider plus que pour lui mettre une rouste. bien sûr, que ça fait mal, les coups, mais il a tellement l'habitude qu'il ne bronche plus tant que ça. en tout cas, il ne s'en offusque pas.

il encaisse aussi (presque) bien les insultes. il les écoute sans broncher, les noms d'oiseaux et autres impolitesses, puis part souffler en allant se cacher dans les bois, plus tard. il encaisse, le temps d'avoir un échappatoire, alors il laisse tout passer, il accepte. les injures directes, le mépris à peine dissimulé, la curiosité malsaine, les bousculades verbales, il les laisse faire, comme une vraie bousculade, même si son cœur est bien plus fragile que son corps.

il le sent bien, qu'Amo est en train de faire ça. il ne s'en cache même pas, et le piétine avec ses mots et la hargne qui en dégouline à chaque tournure. à son ton énervé. ce n'est pas le premier, à le prendre pour un con, pour un tas de muscle placide et un peu lent, qui comprend pas bien. il ne comprend jamais tout à fait, Daim, c'est ce que tout le monde sous entend, alors il faut lui marcher dessus pour qu'il percute.
et lui, il alimente ces idées là, car il ne fait rien.

bien sûr, il fronce un peu les sourcils, ses poings se serrent sans réfléchir, sans rien leur dire, mais ils restent le long de ses jambes. il se raidit à peine et
encaisse.

ça l'écorche, pas sur sa peau déjà marquée, tannée par le soleil et l'extérieur, mais dans les tripes. pourtant il ne s'énerve pas, pas du tout suite, ou plutôt pas comme Amo. il n'explose jamais, n'a pas de soudaines montées de haine incontrôlables, mais plutôt une colère sourde qui ne fait que s'accroître.
elle court dans ses veines, échauffe son sang lentement, assez pour encore garder la tête froide, assez pour essuyer encore tant d'affronts qu'il soignera amèrement en étouffant ses larmes le soir. il plie, mais ne rompt pas, et attend il ne sait quoi.

... certainement pas une chute de ce genre, en tout cas. si renfermé sur lui, à évaluer la profondeur des coupures de la langue de son camarade, Daim a à peine le temps de le rattraper comme il peut. autant dire qu'il a juste le temps de glisser un bras sous son torse pour ralentir sa chute, et l'arrêter en devant lui même s'accroupir et l'accompagner dans son mouvement. une main sur chaque épaule, il le tourne, s'apprête à l'aider à se relever et...
le plaque encore plus au sol.

il n'y a même pas tout à fait réfléchi avant de s'exécuter, mais en plaçant son genou sur l'épaule d'Amo, en appuyant, il arrive à immobiliser tout son torse. une main qui serre le col de son t shirt, si proche de la gorge, mais il n'ira pas jusque là. l'autre main sers à plaquer la main libre de celui qu'il avait failli appeler ami plus tôt.
dans une épreuve de force pure, il n'est pas sûr d'avoir le dessus, mais alors qu'il est déjà littéralement au dessus et que l'autre est sûrement sonné par sa chute, il sait qu'il a quelques secondes devant lui, quelques précieuses secondes.

il s'en sert pour parler, d'une voix à peine plus forte que tout à l'heure, et qui semble en surface aussi calme, même si sa rancœur et son agacement s'écoulent à chaque syllabe. j'ai trouvé ça sympa, le moment qu'on a passé toute à l'heure, et j'pense continuer de te parler, alors ce que je vais te dire, ce sera en toute sympathie. promis juré. donc écoute jusqu'au bout.

il est sincère, quand il dit ça. malgré ses premiers doutes, il y a quelques secondes, il veut continuer de le considérer comme un ami. et quand on est un vrai ami, on ne laisse pas l'autre raconter des conneries et nous rentrer dedans sans rien dire.

Daim maintient sa prise et continue d'appuyer son poids, sans jamais peser assez pour blesser, mais suffisamment pour immobiliser. malgré la dureté de ses paroles, son ton reste calme, presque doux.

si ta seule ambition, c'est de les faire chier, t'auras beau te raconter c'que tu veux et me dire c'que tu veux, j'y crois pas une seconde. tu pourras faire le plan parfait, tu seras comme les clébards qui te gueulent dessus quand ils sont enfermés dans leur cage et se la ferment et se collent au fond dès que t'ouvres la porte. tu vas te retrouver avec la liberté droit devant toi, mon gars, et aucun adulte pour t'arrêter et tu seras bien obligé de te rendre compte d'une chose : t'as pas les couilles de te barrer. au fur et à mesure que les mots s'échappent bien plus vite que sa tête ne les aligne, il se rapproche un peu et fixe les yeux durs qui lui renvoient la même colère, sous une autre forme.

et sur ces paroles, il relâche la prise qu'il avait et reste à genoux, à terre, sans rien dire de plus. il reste à côté, car il n'a pas honte. il attend simplement les retombées, se demandant de quelles natures elles seront, même s'il a déjà une idée.



et merde, rebelote,
en effet ;)))
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